Et si c’était elle, finalement ? La percée de Marine Le Pen dans les sondages à quelques jours du premier tour de la présidentielle inquiète les investisseurs financiers. Pour les marchés, la candidate du Rassemblement National fait toujours figure d’épouvantail.
Les investisseurs craignent une sortie de l’euro
Ce n’est pas encore la panique, mais la tension est clairement montée de plusieurs crans depuis le début de la semaine. La Bourse de Paris ne cesse de perdre du terrain sur les autres places européennes. Et les taux d’intérêt français se tendent de plus en plus. Le taux de l’OAT à 10 ans, le baromètre de la confiance dans la dette française est au plus haut depuis 2015. Quant à l’écart de taux avec l’Allemagne, le fameux spread si important pour l’avenir de la zone euro, il a grimpé à plus de 50 points de base. Alors bien sûr, les marchés vivent une période agitée, mais si la France est particulièrement ciblée, c’est que les investisseurs redoutent qu’une éventuelle victoire de Marine Le Pen ne se traduise par une sortie de l’euro, voire par un Frexit.
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Marine Le Pen veut remettre en cause les éléments fondamentaux de la construction européenne
Mais la candidate du Rassemblement national a renoncé à son projet-phare de 2017 d’un abandon de la monnaie unique. Le problème c’est que l’application de son programme aboutirait au même résultat. Selon les calculs de l’Institut Montaigne publiés ce matin dans Les Echos, le coût des dépenses et des gestes fiscaux de Marine Le Pen s’élèverait en réalité à 120 milliards d’euros. Ce qui pousserait le déficit à plus de 7% en vitesse de croisière. De quoi conduire les marchés à pousser la France hors de la zone euro. Plus largement, si elle est élue, la candidate RN veut remettre en cause des éléments fondamentaux de la construction européenne, comme la libre circulation des biens et même celle des personnes. Autant dire que cela provoquerait une crise majeure avec nos partenaires européens, qui pourrait aboutir là aussi à une sortie de fait de l’Union. En clair, les investisseurs ont lu attentivement le programme de Marine Le Pen. Et tous les électeurs feraient bien de faire de même.
François Vidal