C’est aujourd’hui qu’est publié le décret de convocation des électeurs à l’élection présidentielle, et avec lui, l’ouverture officielle de la course aux parrainages. Depuis 1976, il en faut 500 pour pouvoir être candidat, nombre destiné à limiter celui des prétendants sur la ligne de départ.
10 000 élus ruraux sont sans étiquette
42 000 élus dont environ 34 000 maires sont habilités à donner ces signatures. Cela ne présente aucun problème pour les anciens ou nouveaux partis majoritaires, LR, PS ou LREM. Pour d’autres, c’est plus compliqué, et tous les 5 ans certains candidats alertent l’opinion sur leurs difficultés à les réunir. Cette année, ce sont notamment Jean-Luc Mélenchon, Marine le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou Eric Zemmour. Ils font face à deux problèmes. Le premier, c’est la fin de l’anonymat des parrainages, décidé en 2016. Les élus n’oseraient plus soutenir de candidats des extrêmes, trop clivants, même si ceux-ci rappellent qu’une signature n’est pas une prise de position. Mais « quoi qu’on en dise, un parrainage est forcément vu comme un soutien » nous confie un maire.
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Deuxième problème, plus le temps passe, plus les compteurs des différentes équipes montent et plus il devient difficile de trouver les derniers parrains disponibles. Il est inutile de chercher du côté des maires de grandes villes qui appartiennent à un parti, il faut viser les quelques 10 000 élus ruraux sans étiquette, proies de toutes les convoitises. Ils reçoivent de nombreux coups de fils, courriels et visites, certains s’en plaignent. Les équipes des candidats sont très insistantes. Denise Leiboff, maire de Lieuche, petite commune proche de la frontière italienne, depuis 1989 explique en recevoir énormément depuis plusieurs mois : « vous avez beau dire non, ils reviennent quand même. Certaines fois il faut un peu se fâcher ». Elle a choisi Jean Lassalle.
Parrainages : Laurent Fabius, président du Conseil constitutionnel appelle à avoir un débat en début de quinquennat
A Noyal-sur-Vilaine, commune d’environ 6 000 habitants à côté de Rennes, Marielle Muret-Baudoin a choisi de ne pas choisir, car un parrainage risque de diviser ses administrés ou son équipe municipale : « il était très clair dès le début que je ne porterai aucun candidat sur les présidentielles, pour éviter des débats en interne qui n’apporteraient rien du tout ». Idem pour Robert Nardelli, le maire de Drap, dans la banlieue de Nice. Et rien ne le fera changer d’avis, ce qu’il faut changer, selon lui, ce sont les règles. Il se demande pourquoi seul le maire a le droit de parrainer un seul candidat, une méthode peu démocratique pour lui. Le président du Conseil constitutionnel Laurent Fabius a prévenu mardi dernier : c’est un débat qu’il faut avoir en début de quinquennat. Jusqu’à présent, aucun candidat des principaux partis n’a échoué, à l’exception de Jean-Marie Le Pen en 1981. Et dans cette recherche, dire qu’on risque de ne pas avoir ses parrainages est aussi une des méthodes pour les avoir.
Augustin Lefebvre
Ecoutez le reportage d’Augustin Lefebvre (à 2’50 »)