La candidature d’Eric Zemmour marque le pas avant même d’avoir été déclarée. La cause pourrait être l’inexpérience du polémiste. Il commet des erreurs de débutant, parce que commenter la vie politique et en être un acteur de premier plan sont deux choses très différentes.
Eric Zemmour a fait un doigt d’honneur à une militante marseillaise, trahissant son manque de sang-froid
Dans l’ordre chronologique voici une liste non exhaustive des fautes politiques du polémiste. Primo : sa vieille rengaine sur Vichy qui aurait protégé les juifs français : quel besoin avait-il, fin septembre, de ramener cette ineptie historique dans le débat public ? Zemmour polémiste pouvait choquer à peu de frais avec cela, Zemmour candidat en paie, à juste titre, le prix fort. Deuxio : pointer un fusil sur des journalistes (lors du salon Milipol, il s’est amusé à mettre en joue des journalistes avec un fusil de sniper NDR). Se présenter comme un candidat de l’ordre et démontrer en un seul geste qu’on ne connaît rien aux règles les plus élémentaires du maniement des armes, cela s’appelle une lourde bévue. Les syndicats de police lui ont d’ailleurs vertement fait remarquer qu’on ne pointait jamais une arme à feu, même déchargée, en direction de quelqu’un.
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Tertio : aller faire de la politique politicienne en attaquant François Hollande, le jour de l’anniversaire des attentats de novembre 2015, devant le Bataclan. Nul besoin d’expliquer combien cette idée était mauvaise. Enfin, ce samedi, le doigt d’honneur à une militante marseillaise : manque de sang-froid, d’une part, mauvaise compréhension de la stature que les Français attendent de leur président, d’autre part. Après les crises financières, terroristes, sanitaires, nos concitoyens sont à la recherche d’un capitaine de gros temps, pas de quelqu’un qui perd ses nerfs après deux jours de déplacement compliqué à Marseille.
Marine Le Pen boit du petit lait et pense qu’Eric Zemmour peut lui servir de marchepied
Pour autant le phénomène Zemmour n’est pas de disparaître aussi vite qu’il est apparu. D’abord il ne tient qu’à lui d’inverser la vapeur. Ce sera difficile puisqu’il va lui falloir une vraie équipe de campagne et surtout travailler sur lui-même pour quitter le costume du simple provocateur et entrer dans celui, beaucoup plus exigeant, du candidat. Nous verrons s’il y parvient et notamment lors de son premier grand meeting au Zénith de Paris dimanche prochain. Ensuite, même si le candidat Zemmour devait échouer cela ne signifie pas que le projet Zemmour ne peut pas réussir.
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J’explique : son plan c’est l’union des électorats de la droite et de l’extrême-droite. Même si elle n’advient pas avec lui, elle peut voir le jour avec quelqu’un d’autre. Zemmour peut devenir « l’idiot utile » du lepénisme. C’est comme si, nouveau diable, il plantait le dernier clou dans le cercueil de la diabolisation du FN. Marine Le Pen qui a eu très peur en septembre, boit du petit lait aujourd’hui, parce qu’elle pense que Zemmour peut lui servir de marchepied. En Macronie aussi le scénario inquiète. Je vous livre ce qu’imaginait récemment un ministre : « Zemmour se présente. Il finit à 10 ou 12%. Le Pen a l’air fréquentable à cause de lui. Il lui assure une réserve de voix pour le second tour comme elle n’en a jamais eue. Et ensuite qui sait ce qui pourrait se produire ? ». Oui, qui sait ?
David Doukhan
