Ce matin à 8h15 sur Radio Classique
Julien Dray, conseiller régional PS d’Ile-de-France
Invité de Guillaume Durand
« Mélenchon a une tentation qui est de détruire tout ce qu’il a construit»
Extraits :
A propos de Mélenchon
« Mélenchon reprend à son compte la vieille formule de Malraux qui disait « Entre les communistes et nous, il n’y a rien. » Ce qu’il veut c’est une sorte de nouveau parti communiste des années 50. Je connais très bien Mélenchon, je revendique d’ailleurs un compagnonnage avec lui pendant des années. Il a une tentation qui est de détruire tout ce qu’il a construit. Dans sa vie politique je l’ai vu réaliser des choses extraordinaires. Nous avions fait un courant qui était vraiment un élément très important dans la vie du Parti socialiste et subitement en 2002 il s’est réveillé un matin et il a tout cassé. Je n’ai jamais eu d’explication. Je lui ai posé plein de fois la question. Il n’y avait aucune raison politique qui justifiait cette rupture. Autre exemple, en 2012 il fait une très bonne campagne de premier tour, il a un score et son parti mérite d’être mieux représenter à l’Assemblée nationale mais il a refusé tout entretien avec François Hollande…. Pour la plus grande joie de ceux qui auraient dû céder leur place au profit de candidats de son parti. Il n’a rien à gagner dans ce qu’il est en train de faire, le caractère injurieux d’un certain nombre de ses propos n’apporte rien et radicalise peut-être un noyau dur autour de lui qui se sectarise. C’est peut-être ça l’objectif recherché mais on construit rien là-dessus. Les gens commencent à douter et ne voient pas bien où il veut aller. Dans la bataille actuelle c’est la logique de rassemblement qui doit l’emporter si on veut représenter une alternative, sinon on s’enferme, et d’ailleurs sur le fond ça fait le jeu du pouvoir car avoir une opposition qui soit repoussoir c’est finalement la meilleure des solutions. »
A propos de Michel Onfray
«Il y a eu un Michel Onfray qui était un intellectuel et un philosophe de qualité et un Michel Onfray qui s’est laissé emporter par le monde médiatique et des formules à l’emporte-pièce et s’éloigne de ce qu’il a été. Je ne vais pas m’amuser à polémiquer avec lui parce que cela ne sert à rien.»
A propos d’ Emmanuel Macron
« Il y a une tentation chez Emmanuel Macron de revenir aux origines de la Ve République, avec une sorte de sacralisation de la fonction présidentielle. Je n’ai pas l’impression que c’était la volonté de l’électorat qui voulait plutôt aller vers une VIe République, avec en tout cas plus de transparence, plus de démocratie, plus de proximité, et là on a l’impression qu’une distance se créée. Je pense qu’au début ça va peut-être impressionner mais je ne suis pas sûr que dans le monde d’aujourd’hui avec l’explosion des moyens de communication modernes ce soit la bonne formule.»
A propos de Richard Ferrand
« Je n’ai pas à juger le comportement de Monsieur Ferrand, quand on voit les éléments on se dit qu’il a su faire des bonnes affaires tant mieux pour lui. On voit bien qu’il y a un feuilleton qui est en train de s’écrire.»
A propos des législatives
« Il y a deux choses contradictoires dans le débat actuel : il y a une incontestable envie que cela marche, une envie de retrouver du positif dans le pays, et ça il faut le mettre au crédit d’Emmanuel Macron, et puis il y a aussi des questions posées sur où il veut aller et là les choses ne sont pas claires. Et le débat, y compris avec Mélenchon, est là : c’est de savoir si on est une opposition constructive. »
A propos du PS et de François Hollande
« Aucune formation n’a de vie éternelle. François Hollande a commis deux erreurs : la première c’est un début de quinquennat qui ne s’explique pas et qui donne l’impression de tourner le dos aux exigences de la campagne, (…) l’incompréhension s’est installée. Il y a eu aussi la dernière année, catastrophique, avec un entêtement autour de la déchéance de nationalité et de la loi travail qui a rompu le rassemblement de la gauche. Il faudra que nous abordions cette question.»
A propos de la « ligne rouge » posée par Macron
« Il ne faut pas recommencer les erreurs d’Obama qui en arrivant faisait la leçon à Poutine. Avec monsieur Poutine il faut faire très attention de ne pas rouler les mécaniques au départ – on peut l’impressionner au départ mais lui c’est un russe et donc il sait gérer le temps et il sait qu’il a le temps pour lui dans cette affaire-là. Macron a pris un risque et a dans une certaine mesure défié Poutine, et ce qui me gêne c’est qu’on recommence les vieilles formules. On reçoit une opposition discutable alors qu’il y a des solutions sur la table. J’ai évoqué la solution de l’ONG « La Syrie pour tous » qui est un plan de relance économique de la Syrie, une sorte plan Marshall, mais on n’en discute pas, par contre on discute avec des gens qui ne représentent pas grand-chose et cela risque de mener à l’impasse. Et quand on est à l’impasse, c’est là que monsieur Poutine revient au-devant. »