La revue de presse… Des géants qui mettent leur public en transe dans un stade… Vous ne parlez donc pas du Mondial ?
Non, mais je parle bien d’un stade, le Vélodrome de Marseille…
A l’affiche, non Griezmann, Giroud et autres coiffeurs barbants (comme les nomme la presse) mais le toujours ébouriffant Mick Jagger (75 ans dans un mois), le flegme tout en finesse de Charlie Watts, la fragilité désabusée de Keith Richards…
Pure satisfaction hier avec les Rolling Stones au stade Vélodrome: loin du Mondial donc…
Hier soir, quelque 60.000 fans ont réservé un accueil vibrant aux légendes du rock, raconte La Provence : A JAMAIS DES GEANTS…
On aimerait en dire autant des Bleus…
Mick Jagger n’a pas dit au public ce qu’il avait pensé de la prestation des joueurs français (le rocker francophile a précisé avoir suivi le match dans un bistrot en mangeant des pieds paquets… « Délicieux ! »)…
Mais les journaux disent franchement ce qu’ils en ont pensé : L’Equipe comme Le Figaro évoquent une bouillie…
Une mascarade… Un infâme Danemark-France… Un match nul !
L’ennui ! Le chroniqueur sportif du Figaro rapporte avoir entendu sournoisement quelqu’un à la rédaction lancer : « On voit plus jouer Griezmann pendant les pubs à la mi-temps que pendant les matchs »…
L’envoyé spécial de Libération à Moscou raconte qu’un collègue resté au pays lui a expliqué avoir zappé sur une partie de pétanque entre Nice et Villenave d’Ornon…
Nos confrères se lâchent sur les Bleus et « le pire match de la Coupe du monde »…
Oui, le pire pour la presse étrangère… 90 minutes de torture (O Globo au Brésil)… La honte de Moscou (Die Zeit en Allemagne)
Les commentateurs en France ne sont pas en reste, comme c’est le cas depuis le début du tournoi dans les émissions de la mi-temps ou d’après match… ce qui fait l’émerveillement de l’écrivaine Joy Sorman dans Libération…
Elle adore ces causeries qui brassent analyses techniques, jugements esthétiques et commentaires psychologiques… Une foire qui réunit anciens joueurs et entraineurs où excelle notamment Rolland Courbis, dit coach Courbis, dont le commentaire suivant est rapporté avec délectation : « Humainement, ils se sont dit de toute façon j’ai ma bouée »…
En vue aussi Omar da Fonseca qui se lâche sur Bein Sport… Son style politiquement incorrect séduit. Quand les joueurs sont nuls, il le dit…
Les Bleus affronteront donc l’Argentine samedi à 16 heures pour une place en quart de finale…
16 heures, comme hier… Le Figaro de s’inquiéter : les matchs en plein air semblent sortir les Bleus de leur sieste…
Il n’y a pas que le foot (et le rock) dans la vie… Quoi d’autre à la Une ?
L’angoisse des partis politiques au moment des Européennes…
Les partis sont sous tension, dit Le Figaro… Face à une union des 28 en crise, les formations politiques sont divisés en leur sein entre eurosceptiques et pro européens… et elle peinent à trouver leur ligne et leur tête de liste…
Emmanuel Macron devient « euro pessimiste », selon Le Canard Enchaîné : il redoute que la question migratoire soit trop présente dans la campagne de l’an prochain et qu’elle alimente « le rejet de l’Europe » si rien ne change.. ;
« Tout simplement, a-t-il expliqué à ses proches de retour de Bruxelles dimanche, parce que les peuples réaliseraient que l’Europe n’est pas capable de régler ces problèmes, ce qui la rendrait encore plus impopulaire »…
Le président français, qui a affiché un front uni avec le pape contre la poussée populiste en Europe, a dénoncé aussi les ONG, accusées de « faire le jeu des passeurs ».
La France accueillera des migrants qui se trouvent à bord de Lifeline, qui doit accoster à Malte, mais Emmanuel Macron, souligne Le Monde, l’ONG allemande a agi contre toutes les règles…
« Elle fait le jeu des passeurs », un reproche selon lui « indicible dans l’émotion collective »… Le Monde de souligner que le président français rejoint ainsi certaines des critiques du gouvernement italien sur le rôle des ONG en Méditerranée…
Avec la montée du populisme en Europe, certains parallèles historiques sont établis…
Une musique plutôt funèbre s’installe depuis quelques temps…
«Sommes nous dans un de ces moments dont l’Histoire nous apprend à présent qu’ils étaient précurseurs de la tragédie des années 30 ? »
A ceux qui comparent 2018 aux heures sombres de la montée du fascisme, l’historien Robert Paxton apporte quelques utiles précisions, rappelle Sylvie Kauffmann dans Le Monde…
En Allemagne, le magazine Stern montre un couverture un montage photo représentant Donald Trump faisant le salut nazi, enveloppé dans la bannière étoilée, sous le titre Sein Kampf (Son Combat)…
Le Financial Times décrypte sur une page « le manuel des années 30 » sous les photos de Trump, de l’italien Salvini, de l’Autrichien Kurz…
Le Guardian redoute aussi le retour aux années 30…
Emmanuel Macron avait évoqué la lèpre qui monte à propos du nationalisme en Europe, mot qui évoque la peste brune du parti nazi…
L’historien Robert Paxton, 86 ans, qui a consacré ses travaux au fascisme et à la seconde guerre mondiale, décèle des ressemblances frappantes avec les années 30… mais considère que les différences l’emportent avec les similitudes…
Cela dit, si ce n’est pas les années 30, certains avancent une hypothèse guère plus réjouissante : on serait à la veille de 1914… lorsque les puissances marchaient vers la guerre comme des somnambules…
Michel Grossiord