Emmanuel Macron était en visite en Arabie saoudite le samedi 4 décembre. On lui a beaucoup reproché d’être allé serrer la main du prince héritier Mohammed ben Salmane, accusé d’être impliqué dans la mort du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.
L’Arabie saoudite a des moyens énormes pour contribuer à stabiliser le Moyen-Orient
Je ne critiquerai pas Emmanuel Macron, qui a simplement fait son travail diplomate en chef de la France. On peut reprocher à Mohammed ben Salmane l’assassinat de l’opposant Khashoggi au consulat saoudien d’Istanbul en 2018 ou, bien pire, le départ d’une cruelle guerre au Yémen en 2015. Mais ces malheureux événements ne doivent pas cacher le fait que l’Arabie saoudite a des moyens énormes pour contribuer à stabiliser le Moyen-Orient. Lequel ne s’est toujours pas relevé des conséquences de l’invasion anglo-saxonne de l’Irak en 2003 et de la guerre civile entre sunnites et chiites.
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Les Américains étant devenus politiquement très absents du Moyen-Orient, Emmanuel Macron a décidé, à raison, d’aller combler le vide. Si les Français ne vendaient pas d’armes dans le Golfe, les pétromonarchies les achèteraient ailleurs. Nous vendons des armes à des gens qui ne nous menacent pas le moins du monde. Grâce à ces ventes, nous amortissons mieux nos frais de recherche et développement militaires. Mais nous vendons aussi des infrastructures civiles et même depuis peu des établissements culturels ou universitaires. Nous avons des accords de défense avec trois pays du Golfe, ce qui crée un effet d’équilibre face à l’Iran. Les pétromonarchies du Golfe changent et la France a raison d’accompagner ce mouvement sur place.
La France a raison d’encourager le travail de Mohammed ben Salmane, de défanatisation de l’islam
En Arabie saoudite, le prince héritier a eu le mérite de lancer une véritable révolution économique et sociale. Il a considérablement étendu les droits des femmes, qui désormais n’ont plus l’obligation de porter un voile, qui peuvent travailler ou voyager seules. A Djeddah, où je me promenais samedi dernier, cette révolution se voyait à l’œil nu. Il a autorisé le cinéma et la musique. Il a aussi décidé de réorienter l’économie de son pays vers les services, le numérique et le tourisme, en exploitant les atouts fabuleux de la Mer Rouge.
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Qui plus est, Mohammed ben Salmane est en train de purger le pays de son wahhabisme, ce puritanisme fanatique hérité du 18ème siècle. Associé à l’argent du pétrole, le wahhabisme a connu une expansion délétère à partir des années 1980, en Afrique du nord, dans le Caucase, au Moyen-Orient, jusqu’à nos banlieues. La France a raison d’encourager le travail de Mohammed ben Salmane, de défanatisation de l’islam.
Renaud Girard