Edouard Philippe : Son parti Horizons le place-t-il en position de force vis-à-vis d’Emmanuel Macron ?

Edouard Philippe a lancé son parti Horizons  ce samedi 9 octobre. Il l’a répété, martelé : il souhaite contribuer à la réélection d’Emmanuel Macron.

Edouard Philippe peut fonctionner comme un aimant pour les électeurs d’une droite libérale

Son parti revient à aider le président à élargir sa majorité en lui apportant des maires, des élus et évidemment des électeurs de droite. De ce point de vue ce parti est une aide pour Emmanuel Macron même si, pour l’instant, les maires présents au Havre, de celui de Reims Arnaud Robinet à celui de Saint-Germain-en-Laye sont tout sauf une surprise. C’est une aide aussi et principalement dans la mesure où la droite « officielle » – si on peut l’appeler ainsi – est déboussolée et empêtrée dans ses querelles de procédure. Philippe peut fonctionner comme un aimant pour les électeurs d’une droite libérale comme symétriquement Eric Zemmour en est un pour les électeurs d’une droite identitaire. Une aide oui, mais aussi une gêne. Il suffit de mesurer la méfiance des macronistes pour le comprendre. La gêne n’est pas tant que l’ancien premier ministre se voit un horizon présidentiel car cela peut même être complémentaire : Macron 2022, Philippe 2027. La gêne est plus insidieuse.

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Créer un nouveau parti, avec un programme très vague ou plutôt tellement générique que toute la macronie ou toute la droite pourraient se reconnaître, c’est dire que LREM a échoué à être cette force centrale et fédérative. C’est aussi dire qu’il faut une aile droite à la majorité. Vous aurez noté qu’au même moment, les ministres de Territoires de progrès autour d’Olivier Dussopt veulent structurer une aile gauche.

Les partis alliés, dont Horizons, vont être obligés de négocier avec LREM

Dans un premier temps, Emmanuel Macron aura besoin de tous les partis s’il veut être réélu et bien entendu de celui d’Edouard Philippe, qui reste la personnalité politique la plus populaire en France. Dans un second temps, s’il est réélu président, Macron aura aussi besoin du groupe des amis d’Edouard Philippe pour disposer d’une majorité. Nous sommes sous la Ve République, avec un scrutin majoritaire, et pas sous la IVe avec la proportionnelle. Cela veut dire que quel que soit le parti, LREM, Modem, Agir ou désormais Horizons, personne ne partira sous ses seules couleurs et personne ne pourra dire à Macron, après la présidentielle, voilà mes conditions si tu souhaites le soutien de mes troupes. Il y aura forcément un label commun et donc une répartition préalable des circonscriptions gagnables. Les partis alliés, dont Horizons, vont être obligés de négocier avec LREM.

 

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Edouard Philippe est en position de force dans l’opinion, ne serait-ce qu’en raison de sa popularité, mais il reste en situation de dépendance vis-à-vis d’Emmanuel Macron car une fois encore dans la Ve République, c’est le chef de l’Etat qui a les cartes en main, y compris sur le terrain de la recomposition politique. Le maire du Havre est sans doute plus loyal que les macronistes le disent mais moins libre qu’il le croit.

Guillaume Tabard

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