Covid-19 : La France sera-t-elle de nouveau confrontée à un confinement ?

Eric Salard / Wikimedia Commons

Alors que les chiffres du Covid repartent à la hausse, plusieurs pays, dont l’Autriche, ont choisi le reconfinement. Le gouvernement français envisage-t-il de faire la même chose ?

La France atteint un des meilleurs taux européens de vaccination

Le gouvernement français est à ce jour convaincu de ne pas être contraint à ce qui serait un incroyable retour en arrière, sans doute difficilement accepté par l’opinion. On pourrait dire que c’est de la méthode Coué. Souvenez-vous, Emmanuel Macron lui-même avait dit que c’était le Covid qui était maître du calendrier. Mais cette conviction repose sur le succès de la stratégie vaccinale française. Et cela n’a pas été sans mal. Cette stratégie a été contestée, que ce soit sur l’obligation vaccinale des personnels soignants ou l’instauration du pass sanitaire. Mais à l’arrivée, on atteint un des meilleurs taux européens de vaccination et la couverture est quasi optimale. L’appel à une troisième dose, que le chef de l’Etat a déclarée nécessaire dès maintenant pour les plus de soixante ans, démarre plutôt bien : déjà près de 700 000 prises de rendez-vous depuis l’allocution présidentielle de la semaine dernière.

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Donc de ce fait, même si la vaccination n’empêche pas une relative circulation du virus, on est très loin d’une nouvelle menace de submersion des hôpitaux si bien que la majorité a écarté hier l’idée d’un confinement des non vaccinés. Je pense qu’il y a eu un contre-sens sur les propos de Gabriel Attal. On a fait de ce « rien n’est exclu » une manière de préparer les esprits à un durcissement des contraires alors que ce n’était qu’une prudence oratoire pour dire que justement, la France n’aurait pas à en arriver là. Cette précaution est une condition de la crédibilité de la parole de l’exécutif. Car rien de pire que ces assurances, ces garanties assénées de manière définitive et qui sont ensuite démenties par les faits.

Gabriel Attal se garde de ne fermer aucune porte à double tour

Ne revenons même pas sur les masques d’abord présentés comme « inutiles ». Plus récemment, Olivier Véran a d’abord promis qu’il n’y aurait pas d’obligation vaccinale pour les personnels soignants, puis que si on mettait en place un pass sanitaire, il ne s’appliquerait pas aux activités du quotidien. Puis ensuite, que la validité du pass sanitaire ne serait pas remise en question en cas de troisième dose. Alors gouverner, plus que prévoir, c’est réagir et donc s’adapter, corriger parfois jusqu’à contredire une décision de la veille. Mais alors que le gouvernement doit se défendre régulièrement de trop rogner les libertés individuelles, si les serments d’un jour sont systématiquement démentis le lendemain, on ne va plus les croire.

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C’est pour cela que désormais, systématiquement, le porte-parole du gouvernement se garde de ne fermer aucune porte à double tour. C’est aussi une nécessité politique. Car si la gestion de crise a été critiquée au jour le jour, elle est plutôt globalement saluée avec le recul. Mais la ligne de crête reste étroite. Plus que jamais, maintenant qu’on entre en période électorale, l’exécutif doit conjuguer efficacité, prudence et humilité.

Guillaume Tabard

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