Sur le dossier ukrainien, les Occidentaux font front commun face à la Russie. Et pour dissuader Vladimir Poutine d’attaquer son voisin, ils brandissent désormais la menace de sanctions économiques. Une arme à double tranchant.
40% du gaz consommé en Europe vient de Russie
Nous entretenons avec notre voisin russe des relations commerciales beaucoup plus actives que les Américains. Globalement, les Russes sont le troisième importateur du continent derrière la Chine et les Etats-Unis. Mais surtout, tout le monde l’a bien compris, ils sont nos principaux fournisseurs de gaz. Au total, 40% de cet hydrocarbure consommé en Europe vient de Sibérie. Sanctionner la Russie de Poutine en gelant ses avoirs ou en bloquant nos exportations les plus sensibles, ce serait donc prendre le risque de passer en plein hiver, d’une situation de forte tension sur les prix de l’énergie à une crise majeure provoquée par une pénurie d’électricité. Pour des pays fortement dépendants des gazoducs russes comme l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie, ce serait une véritable catastrophe. Et pour le reste de l’Union, la promesse d’un choc de grande ampleur sur l’activité économique.
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Des solutions alternatives existent pour éviter le black-out cet hiver
Que faudrait-il faire dans ces conditions ? Renoncer à défendre l’appartenance de l’Ukraine à l’Otan pour satisfaire les exigences de Vladimir Poutine ? Je ne pense pas. Même si l’on sent bien que la tentation est grande chez certains de nos voisins. Mais ce serait une grave erreur. Stratégique, d’abord. Puisque cela reviendrait à légitimer les prétentions de Moscou sur l’Est de l’Europe. Tactique, ensuite. Car il ne faut pas oublier que les conséquences d’éventuelles sanctions occidentales seraient encore plus dramatiques pour la Russie. Renoncer à cette menace serait donc se priver d’une arme de dissuasion massive. D’autant que nous ne sommes pas condamnés à dépendre de la Russie pour nous chauffer et nous éclairer. Des solutions alternatives existent pour éviter le black-out cet hiver. En Europe, où les Pays-Bas et la Norvège pourraient augmenter temporairement leur production. A plus long terme, l’Algérie et le Qatar pourraient faire de même. Bref, dans le bras-de-fer engagé avec la Russie, l’Europe n’est pas condamnée à jouer le rôle de la victime impuissante. Encore faut-il qu’elle le veuille.
François Vidal