Sous-marins : Naval Group a entamé les négociations de rupture de contrat avec l’Australie, annonce Pierre-Eric Pommellet

Pierre-Eric Pommellet, PDG de Naval Group, était l’invité exceptionnel de la matinale économique de François Geffrier, ce vendredi 14 septembre. En pleine crise des sous-marins, il est revenu sur le « choc » qu’a représenté cette annulation, « alors que tous les jalons étaient au vert ». Le groupe est désormais lancé dans la négociation avec l’Australie au sujet des indemnités de rupture de contrat.

Canberra a brutalement décidé de privilégier un partenariat avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni

Naval Group est au cœur de l’actualité politique, diplomatique et économique depuis l’annonce de la rupture du « contrat du siècle » avec l’Australie, le 15 septembre dernier. Alors que le groupe français travaillait à la conception de 12 sous-marins, mobilisant environ un millier d’employés, dont 650 en France, Canberra a brutalement décidé de privilégier un partenariat avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Pierre-Eric Pommellet, son PDG, est revenu sur cette annonce : « Tout était au vert, après plusieurs mois de travail, nous venions de recevoir un courrier nous confirmant que le bateau dessiné par Naval Group était conforme aux besoins de l’Australie ».

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Or ce mercredi 15 septembre, lors d’une conférence téléphonique avec le ministère de la Défense australien, le PDG français a appris que « le besoin avait changé ». Les raisons de cette annulation n’ont pas été clairement expliquées par Canberra, confie Pierre-Eric Pommellet : « On nous a dit qu’il s’agissait d’une décision du Premier ministre, qui souhaiter arrêter ce programmé développé depuis plus de 5 ans, au profit d’un nouveau programme de sous-marins nucléaires en coopération avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni ». Les autorités françaises ont été informées quasiment au même moment de ce revirement diplomatique spectaculaire. Si le PDG de Naval Group reconnaît « un choc », il explique que « l’attitude professionnelle est revenue très vite », pointant qu’il s’agit « d’une résiliation pour convenance du client, et donc que le groupe français n’est pas en faute ».

 

Pierre-Eric Pommellet : « il n’a jamais été question de sous-marins nucléaires »

Au cœur de ce changement stratégique, un besoin différent affiché par l’Australie, celui d’acquérir finalement des sous-marins nucléaires. Or, explique Pierre-Eric Pommellet, le contrat établi en 2016 stipulait bien que les sous-marins devaient être à propulsion traditionnelle (diesel-électrique), et depuis, « il n’a jamais été question de sous-marins nucléaires », a confirmé le PDG de Naval Group. S’adressant à ses salariés et aux sous-traitants, le numéro 1 du groupe industriel a assuré que « l’honneur est sauf, et qu’il faut être fier d’avoir proposé le meilleur sous-marin conventionnel possible », ajoutant que « le Premier ministre australien lui-même l’a souligné ».

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Plus d’un millier de personnes ont travaillé sur ce projet, 350 en Australie, et 650 en France, dont 500 à Cherbourg, le site de fabrication des sous-marins. Pierre-Eric Pommellet précise qu’une cinquantaine d’employés des ressources humaines du groupe se penchent en ce moment sur les « opportunités de reclassement du plus grand nombre ». Prochaine étape, la bataille avec le gouvernement australien pour s’accorder sur les indemnités de rupture de contrat. Alors qu’on parle de 250 millions d’euros, le dirigeant de Naval Group estime que ces chiffres « n’ont pas de valeur », puisqu’il va falloir plusieurs semaines au groupe pour estimer les coûts encourus et les coûts à venir. Toutefois il confirme que la négociation sur cette résiliation a été entamée, « conformément au contrat ».

Béatrice Mouedine

 

 

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