La Petite Musique de Nuit reste la plus connue des sérénades de Mozart. Composée peu de temps après la mort de son père, elle recèle pourtant une joie communicative.
Un mystère entoure cette œuvre dont le premier mouvement est l’un des plus connus de toute l’histoire de la musique.
Dans le catalogue des œuvres de Mozart, la Petite Musique de Nuit est rangée parmi les sérénades, mais on n’est sûr de rien. Généralement, les sérénades étaient composées pour fêter un événement particulier comme un mariage (Sérénade « Haffner »). La musique était jouée en plein air ou dans un salon, fenêtres ouvertes, l’été. La plupart des sérénades de Mozart (qu’il appelle parfois Finalmusik ou Notturno) sont en plus de quatre mouvements et requièrent un petit orchestre ou un ensemble à vents comme la Sérénade « Gran Partita ».
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La Petite Musique de nuit est en quatre mouvements seulement et elle est pour cordes uniquement. Les mouvements sont successivement : Allegro (plein d’énergie), Romance (rêverie avec partie centrale agitée), Menuet (avec trio au centre) et Rondo final. Il semble que Mozart ait composé un autre menuet entre le premier et le deuxième mouvement dont les pages ont été arrachées.
Extrait de l’Allegro initial de la Petite Musique de Nuit de Mozart
Cette œuvre joyeuse a été composée peu de temps après la mort de son père.
La Sérénade n° 13 en sol majeur « Eine Kleine Nachtmusik » K 525 n’a été éditée qu’en 1827. Le manuscrit autographe (trouvé en 1943) porte la mention de la date d’achèvement : 10 août 1787. À cette époque, Mozart est en pleine composition de son opéra Don Giovanni qui sera créé à Prague en octobre de la même année. La partition nous indique qu’il s’agit d’un quintette pour violons, alto, violoncelle et contrebasse. La partie de contrebasse se contente de doubler le violoncelle à l’octave, donc c’est une polyphonie à quatre voix. L’écriture est rapide, Mozart était pressé. Commande, délassement, impulsion intérieure ? On ne sait. Brigitte Massin estime qu’il pourrait s’agir d’une réponse enjouée aux grands Quintettes en do majeur et sol mineur (K 515 et 516) écrits au printemps. Comme si Mozart s’amusait après l’effort et nous indiquait qu’il était guéri de la peine immense provoquée par la disparition d’un père qui lui avait tout appris. Cette manière de rire pour ne pas pleurer se rapproche du « drama giocoso » (Don Giovanni) et n’est pas étrangère au charme inaltérable de ce petit chef-d’œuvre.
Olivier Bellamy