Les impacts du réchauffement sont en train de devenir un enjeu majeur pour les militaires. Plusieurs chercheurs français de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) ont publié ce mardi 23 mars un rapport sur les différentes stratégies d’adaptation mises au point par les forces armées étrangères.
Sahel, lac Tchad : des tensions sont apparues liées à l’accès aux terres
L’IRIS abrite l’observatoire Défense et climat créé en 2016 à l’initiative du ministère des Armées. Le réchauffement climatique est devenu ces dernières années un enjeu stratégique essentiel notamment à cause des conflits qu’il pourrait engendrer. François Gemenne, co-directeur de cet observatoire, chercheur spécialiste des conséquences géopolitiques du changement climatique explique qu’il y a déjà des tensions liées à l’accès aux terres au Sahel et autour le lac Tchad. Le phénomène existe aussi en Asie du sud-est, avec des conflits liés cette fois à l’accès à l’eau et à la gestion des inondations.
A lire aussi
Tensions sur les terres, sur l’eau, désertification, montée du niveau des mers : selon l’ONU, il pourrait y avoir jusqu’à 1 milliard de migrants climatiques d’ici 2050. Un enjeu déjà pris en compte par exemple par les armées australiennes et néo-zélandaises. L’Arctique est également une zone sous tension parce que la fonte des glaces ouvre une nouvelle route et possiblement de nouvelles ressources. La Norvège investit massivement sur des appareils de surveillance, les Etats-Unis aussi, la Russie avec ses 40 brise-glace militaires. L’intégration des enjeux militaires, c’est aussi l’adaptation des entraînements, comme aux Etats-Unis, qui a anticipé une arrivée massive de migrants.
En Jordanie, l’armée s’entraîne à économiser l’eau en opération
Les Américains ont par ailleurs lancé en janvier dernier une étude pour près de 10 millions de dollars sur la vulnérabilité climatique de leurs bases militaires. L’armée jordanienne entraîne ses soldats à économiser l’eau en opération. Et puis, soulignent les chercheurs, les armées seront également de plus en plus sollicitées pour opérer sur des opérations civiles, notamment de secours aux populations face à la recrudescences des catastrophes naturelles.
Baptiste Gaborit
