Les plages de Bonifacio rouvrent aujourd’hui, suite à l’épisode de pollution aux hydrocarbures qui a frappé la Corse le week-end dernier. Cette pollution est liée au dégazage illégal d’un navire, un cas de rejet sauvage loin d’être exceptionnel. L’enquête de la gendarmerie maritime se poursuit.
Corse : Deux nappes d’hydrocarbures de 35 km ont été repérées
Le dégazage consistait à l’origine à ventiler et à évacuer les gaz des citernes des pétroliers et des chimiquiers, un terme qui a été étendu depuis aux rejets d’hydrocarbures, comme le souligne Antidia Citores, porte parole de l’ONG Surfrider Europe : « Quand on parle de ces pollutions on peut être face à deux cas, soit un lavage des cuves, soit le rejet à la mer des déchets liés au fonctionnement du navire, c’est comme si on faisait une vidange à la mer ».
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Une telle opération permet aux navires d’éviter de payer pour une opération qui doit normalement se faire dans un port, mais ces dégazages entraînent des pollutions importantes. Ici, en Corse, ce sont deux nappes d’hydrocarbures de 35 kilomètres de long qui ont été repérées.
7.000 cas de rejets illégaux sont examinés par an en Europe
Reste à déterminer l’ampleur du phénomène. Si les dégazages semblent avoir diminué ces dernières années, du fait notamment du renforcement de la régulation, ils sont toujours nombreux. En Europe, ils sont surveillés en permanence par un satellite, le CleanSeaNet, qui repère ces nappes d’hydrocarbures : « en 2019, les détections en Europe s’élevaient à plus de 7.000 suspicions de rejets illégaux, seulement 30% ont été vérifiés mais peu de poursuites sont engagées car le fioul s’évapore empêchant de constater le flagrant délit » précise Anticia Citores.
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Autrement dit, il faut qu’un avion soit envoyé pour survoler la zone et confirmer la pollution. Et même si une nappe est confirmée, remonter jusqu’au navire est une tâche très compliquée. Les enquêteurs établissent des modèles de dérive des nappes pour essayer de déterminer précisément où et quand la pollution a commencé, et c’est le cas actuellement en Corse. Ensuite, ces données sont croisées avec celles des navires passés sur la zone, avant d’inspecter l’embarcation suspectée pour vérifier les cuves des machines. Vous l’aurez compris, les poursuites sont très difficiles à mettre en place si le flagrant délit n’est pas constaté …
Baptiste Gaborit