Volkswagen : Pourquoi le géant européen de l’automobile se sépare de son patron ?

Alexander Pohl/Sipa USA/SIPA

Le groupe automobile allemand Volkswagen vient de pousser vers la sortie son dirigeant, Herbert Diess. Le directeur autrichien paye des sorties médiatiques peu maitrisées à l’égard des employés du groupe ainsi que les résultats en demi-teinte de la marque qui espérait être plus vite performante sur le marché de l’électrique.

Volkswagen n’arrive pas à rattraper son retard dans l’électrique

Volkswagen vient de se séparer de son patron mais ce départ brutal n’est en fait qu’une demi-surprise. Herbert Diess était arrivé en 2015 dans ce groupe allemand avant d’en prendre la tête en 2018. Il venait de l’extérieur puisqu’il avait fait une bonne partie de sa carrière chez BMW. Il avait été choisi pour diriger pour apporter du sang neuf et bousculer un peu un groupe qui venait de devenir le numéro 1 mondial de l’automobile mais qui était en crise. Le fabricant de la Golf n’arrivait pas à tourner complétement la page du Dieselgate. De plus, la montée en puissance de Tesla qui commençait à se dessiner montrait que le groupe était en retard dans l’électrique. Herbert Diess devait apporter une sorte d’électrochoc mais apparemment le choc a été trop violent aux yeux du conseil de surveillance qui a décidé de le pousser vers la sortie.

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En vérité, on ne lui reproche pas sa vision stratégique. Il a décidé de mettre l’accent sur l’électrique à fond. Le conseil de surveillance et les principaux actionnaires, que ce soit les familles fondatrices comme le land de Basse Saxe ou les représentants du personnel, le puissant syndicat IG Metall, étaient d’accord avec cette stratégie. Pourtant, il y a bien eu un problème de forme. Herbert Diess était trop cassant, il manquait de diplomatie. Il disait beaucoup de bien de Tesla et souvent du mal de son groupe. L’été dernier, quand il a dit qu’il y avait sans doute 30 000 salariés de trop en Allemagne, il a commis une erreur politique. Si ses résultats avaient été époustouflants, cela l’aurait sans doute protégé. Mais le groupe qui compte plus d’une dizaine de marques qui vont de Seat à Porsche en passant par Audi, n’arrive pas à rattraper son retard dans l’électrique. Cela faisait beaucoup de problèmes pour un patron pas très populaire.

 

Olivier Blume va diriger le groupe Volkswagen tout en continuant de diriger la marque Porsche

Son successeur, Olivier Blume l’actuel directeur de Porsche, pourrait avoir plus de chance de réussir. S’il ne va pas régler les difficultés techniques et commerciales d’un coup de baguette, son avantage est qu’il a fait toute sa carrière dans ce groupe depuis qu’il a rejoint Audi comme apprenti en 1994. On dit de lui qu’il a un super esprit d’équipe. C’est donc un peu l’exact opposé d’Herbert Diess. Son seul défaut aux yeux des analystes, est qu’il va continuer à diriger, en plus de tout le groupe, également la marque Porsche. Cela fait beaucoup de travail pour un seul homme.

David Barroux

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