Scandale Orpea : Plutôt que stigmatiser les Ehpad privés, il faut remettre à plat les règles du secteur

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L’avis de tempête n’est toujours pas levé pour Orpea. Une semaine après la publication des Fossoyeurs (éd. Fayard), un livre sur les graves dysfonctionnements constatés au sein du groupe d’Ehpad, le gouvernement vient d’ouvrir deux enquêtes administratives le visant. Et des appels à l’interdiction des Ehpad privés commencent à se faire entendre. Une réaction exagérée.

Les contrôles seront-ils suffisants alors qu’il y a plus de 7 000 établissements en France ?

Sur un sujet aussi sensible que celui-là, il faut se garder de tirer de conclusions hâtives. Les enquêtes administratives diront jusqu’à quel point les rationnements de soins et d’alimentation motivés par un souci de rentabilité étaient répandus au sein du groupe Orpea. Et le leader du secteur en paiera le prix. Mais ce qu’il faut avoir en tête, c’est que la maltraitance n’est pas l’apanage de quelques acteurs privés. Dans l’univers des Ehpad, où public et privé non lucratif abritent près de 80% des lits, les exemples de dérapages sont malheureusement légion. Ce qui signifie que cette affaire doit avant tout être l’occasion de remettre à plat les règles de l’ensemble de l’offre d’hébergement de nos aînés, plutôt que de se contenter de stigmatiser une catégorie d’acteurs.

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Il faut inciter les Ehpad à garantir enfin un niveau d’accueil homogène pour leurs pensionnaires

Que faudrait-il faire ? Multiplier les contrôles comme le demandent beaucoup d’observateurs ? Est-ce suffisant alors qu’il y a plus de 7 000 établissements pour 600 000 lits en France ? Après une crise de cette ampleur, ce sera nécessaire, mais sûrement pas suffisant. Il faut d’abord que ces contrôles accrus soient assortis de sanctions sévères quand des dérives sont constatées. Il faut surtout qu’ils s’accompagnent d’une refonte du cahier des charges imposé aux opérateurs pour y intégrer des critères sur la qualité de soins et de services dispensés à nos aînés les plus vulnérables. Aujourd’hui, un établissement qui fait mieux que le minimum requis n’est pas récompensé. C’est moralement inacceptable ! La bonne nouvelle, c’est que les hôpitaux et les cliniques ont déjà suivi ce chemin avec succès il y a quelques années. La publication de classements évaluant leurs performances de manière transparente les y a sans doute beaucoup aidés. Il faudra faire de même pour inciter les Ehpad à s’adapter le plus vite possible et garantir enfin un niveau d’accueil homogène pour leurs pensionnaires.

François Vidal

 

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