L’entreprise française Eutelsat, historiquement implantée dans les satellites traditionnels, veut s’associer avec OneWeb, un groupe britannique afin de conquérir le marché des satellites en orbite basse. Si ce marché n’est pas encore rentable, il se pourrait que la demande croissante d’accessibilité à internet partout sur le globe fasse de cette union un pari réussi.
Eutelsat, une entreprise française, veut rayonner sur le marché des minisatellites
L’heure des grandes manœuvres a sonné dans le monde des opérateurs de satellites. En effet, durant l’été, les entreprises ne prennent pas de vacances. Le 25 juin le Français Eutelsat qui est un poids lourd des télécommunications par satellite a annoncé qu’il voulait se marier avec OneWeb, un groupe britannique, spécialisé dans les nouvelles générations de communications par satellite. Si le mariage va bien au bout, on assistera à la naissance d’un géant européen qui veut devenir un nouveau maître de l’espace à côté d’Elon Musk et de Jeff Bezos, les patrons de SpaceX et d’Amazon.
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Ce mariage est un peu l’union d’une entreprise très forte aujourd’hui qui s’inquiète pour son avenir; et d’une entreprise très faible pour le moment qui peut rêver d’un avenir brillant. D’un côté vous avez Eutelsat qui est un des champions du marché traditionnel des satellites géostationnaires. Ce sont des gros satellites en orbite à 36 000 km de la Terre qui sont surtout utilisés pour diffuser de la télévision ou des communications internationales. C’est un gros marché mais qui est arrivé à maturité car aujourd’hui la diffusion et les télécommunications passent souvent par des réseaux mobiles ou par de la fibre optique. A l’inverse, OneWeb est une start-up qui se dit que demain on aura besoin d’avoir accès partout et tout le temps à Internet. Pourtant, les réseaux 5G ne vont pas couvrir toute la surface de la terre. Il y a les mers, les communications quand on est dans un avion, il y a ce qu’on appelle des zones blanches comme les montagnes et il y a sans doute 2 à 3 milliards de personnes qui n’ont pas accès à Internet. Il y a donc une demande, et OneWeb comme d’autres projets américains ou chinois proposent de lancer des constellations de centaines ou milliers de satellites en orbite basse qui permettront de couvrir le globe et de proposer, parce qu’ils sont proches de la terre, des communications rapides.
Un pari risqué mais qui peut faire de la France un des leaders du marché des satellites
Pourtant, aujourd’hui ce marché n’est pas rentable, et demain il risque de ne pas l’être non plus. Même si les coûts de lancement et de fabrication de minisatellites ont baissé, cela coute très cher de déployer de telles constellations. De plus le service au départ sera un peu cher et donc ce n’est pas sûr qu’il y ait vite des millions de clients. Il y a également pas mal de concurrence et beaucoup d’incertitudes technologiques. C’est donc une forme de pari mais si ça marche et que la demande est là, 4, 5 ou 6 acteurs pourront se partager un marché mondial. C’est pour ça que le pari mérite d’être tenté. En tant que Français et qu’Européen on peut être content de voir qu’un industriel français tente ce pari en s’associant avec d’autres acteurs prêts à partager les risques. C’est en vérité une question de souveraineté que de maitriser ses communications.
David Barroux