Depuis novembre dernier il y avait déjà l’affaire Ghosn et la chute du patron tout puissant de Renault et de son partenaire japonais Nissan. Depuis il y a eu les tensions au sein de l’Alliance franco-japonaise, le projet de mariage qui a explosé en plein vol entre Fiat Chrysler et Renault à cause de l’Etat qui a changé d’avis au dernier moment et de Nissan qui a refusé de bénir cette union. Et ce week-end, on a eu le ministre Bruno Le Maire qui depuis Tokyo dit que l’Etat est prêt à réduire sa participation dans Renault si le français fusionne avec le japonais. Alors que tout le monde sait que les japonais ne veulent pas d’une fusion. Et puis cerise sur le gâteau, Renault par la voix de son président vient d’annoncer qu’il refusait de valider l’évolution de la gouvernance de Nissan qu’il avait pourtant acceptée il y a peu. Bref, il y a le feu à la maison.
Pourquoi un tel incendie ?
Quand dans un couple l’essentiel va bien, on peut éviter les sujets de discussion qui fâchent. Mais quand tout va mal, le moindre sujet devient prétexte à une crise. Aujourd’hui, Renault et Nissan en sont là. D’abord parce que les alliances industrielles internationales c’est toujours compliqué. Ensuite parce que le couple est déséquilibré. Renault a le pouvoir économique en tant qu’actionnaire de Nissan mais la puissance industrielle et commerciale et chez Nissan. Ensuite parce que les Etats compliquent tout. Et enfin parce que le management des deux côtés commet des maladresses.
Est-ce que tout cela est grave ?
C’est grave parce que Renault et Nissan perdent leur temps dans des jeux politiques et capitalistiques alors que pendant ce temps leurs concurrents préparent la voiture du futur. Mais ce n’est pas forcément catastrophique. Déjà parce que plein d’entreprises se sont relevées de mariages qui n’ont jamais aboutis. Renault Volvo, Publicis Omnicom, Airbus BAE… Ensuite parce qu’aujourd’hui Renault et Nissan sont dans un bras de fer mais leur intérêt commun c’est plus de faire la paix que de se faire la guerre. Ca ne veut pas dire qu’ils vont y arriver. Mais ils savent qu’après une bonne engueulade, parfois on peut repartir sur de nouvelles bases. Il faut parfois avoir le courage de se dire les choses pour crever l’abcès.
David Barroux