Que révèlent les dernières études sur la cigarette électronique ?

L’agence nationale de santé vient de révéler que la cigarette électronique aurait permis à 700.000 personnes d’arrêter de fumer en 7 ans. Il ne s’agit pas d’un raz-de-marée. Il reste encore trop de fumeurs et le vapotage ne convient pas à tout le monde, mais à quelques-uns. Trois quarts des vapoteurs réguliers disent que la nicotine liquide leur a permis d’abandonner la cigarette. Pour certains entièrement, d’autres ont juste réduit assez sensiblement leur consommation.

Est-ce que le marché de la cigarette électronique continue de se développer ?

Visiblement non. Selon l’étude de Santé Publique, seulement 2,7% des 18-75 ans sont des vapoteurs au quotidien. Ce n’est pas beaucoup et le niveau est stable depuis la dernière étude de 2014. En revanche, le nombre de vapoteurs occasionnels a chuté. Il ne concerne plus que 3,8% des Français. Il y a eu un effet de mode au début. Pas mal de gens ont testé. Certains sont restés fidèles à la cigarette électronique parce que ça leur convient. Du coup, ils restent en moyenne consommateurs de e-cigarettes pendant une période plus longue. La moyenne est passée de 4 à 20 mois. Mais on ne parvient pas à attirer plus de fumeurs vers cette solution.

Est-ce que l’on devrait pousser plus la cigarette électronique ?

C’est un débat que seuls les médecins peuvent trancher. Il faut faire une analyse factuelle qui compare les avantages et les risques. Aujourd’hui, personne ne dit que la cigarette électronique est un produit totalement inoffensif : elle contient le plus souvent une forme de nicotine liquide. Même les professionnels du tabac reconnaissent que c’est simplement sans doute moins nocif. Le mieux c’est d’arrêter de fumer. Si la e-cigarette seule ou combinée à d’autres formes d’aides comme les patchs peut aider certains fumeurs à réduire leur dépendance à la nicotine, je pense que cela vaut le coup de donner sa chance à ce produit. Mais il faut quand même encadrer la cigarette électronique parce qu’on a bien vu que sa popularité pouvait aussi provoquer une forme de dommages collatéraux. Aux Etats-Unis, certains groupes ont trop fait la promotion de la cigarette électronique auprès des jeunes. C’était un peu le moyen avec un objet design et des parfums de bonbons de séduire des jeunes en redonnant une image cool à la cigarette. Les autorités de santé ont réagi aux Etats-Unis et il faut rester vigilant. Il ne faut pas pour autant bloquer toute innovation.

Retrouvez l’entretien de Jeanne Polles, Présidente de Philip Morris France, avec Dimitri Pavlenko (26/11/2018)

David Barroux

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