Prix Goncourt : En quoi cette récompense culturelle est-elle aussi une vraie nouvelle économique ?

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Le prix Goncourt a été remporté hier par Mohamed Mbougar Saar avec son livre intitulé « La plus secrète mémoire des hommes ».

Un Goncourt permet de vendre entre 300 et 500 000 exemplaires d’un ouvrage

Les prix littéraires en général et le Goncourt en particulier, restent des machines à tirer les ventes. Un prix représente de la couverture médiatique pour les auteurs. Quand on entend parler d’un livre cela donne plus envie de l’acheter, incitant ainsi les libraires à le commander et à le mettre en avant. On retrouvera partout un roman récompensé par un prix par exemple. Dans un marché victime d’une forme de suroffre car des milliers et des milliers d’ouvrages sortent par an en France, un prix comme le Goncourt est l’assurance d’émerger et de sortir de l’anonymat son auteur. C’est en quelque sorte un coup de projecteur gratuit.

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Les ventes moyennes d’un livre en France représentent à peine 4000 exemplaires. Cela veut dire qu’il y a des milliers d’ouvrages qui ne se vendent même pas à plus d’une centaine d’exemplaires. Un Goncourt par contre s’élève entre 300 et 500 000 exemplaires. Le prix est donc une machine à générer du best-seller. Mais tous les vainqueurs ne boxent pas dans la même catégorie. Il y a les millionnaires comme « L’Anomalie » d’Hervé Le Tellier qui a été récompensé l’an dernier. Il y a aussi le très célèbre « L’Amant » de Marguerite Duras au début des années 80, qui s’était écoulé à plus de 1,6 million d’exemplaires. Le record de tous les temps reste« L’Épervier de Maheux » de Jean Carrière dans les années 70.

Gallimard, Grasset, du Seuil : les grandes maisons d’éditions n’ont plus le monopole du prix Goncourt

Sur la durée, Malraux, Proust, Houellebecq ou Romain Gary qui ont été récompensés et dont les livres se vendent encore, ont sans doute fait encore mieux. Enfin, il faut avouer que pendant longtemps le Goncourt était la chasse gardée des grands éditeurs parisiens. Mais depuis des années, Gallimard (qui l’a quand même remporté 37 fois ), Grasset et du Seuil ont dû apprendre à partager avec Actes Sud, Albin Michel et depuis hier, la maison Philippe Rey qui n’a même pas 20 ans. Ce prix littéraire qui a été remis pour la première fois en 1903 est vraiment très prestigieux. Cela dit, les Renaudot, Femina ou autres ont aussi une vraie valeur commerciale au point que certains commencent à dire qu’il ne faudrait pas qu’un auteur puisse remporter deux prix la même année.

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Pour certains, être récompensé deux fois permettra peut-être de vendre encore plus un livre ainsi mis en lumière, mais il vaut mieux mettre deux auteurs en avant et partager un peu plus le gâteau. Cette année c’est peut-être Christine Angot, qui a déjà reçu le Prix Médicis pour « Le voyage dans l’Est » et qui était finaliste pour le Goncourt, qui a fait les frais de cette nouvelle polémique.

David Barroux

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