Présidentielle : Marine Le Pen, les pièges cachés de son programme économique

CHINE NOUVELLE/SIPA

Le 19 avril, Les Echos ont passé au crible le programme économique de Marine Le Pen. Si de nombreuses mesures semblent de prime abord favoriser les sociétés hexagonales, la candidate du Rassemblement National ne justifie pas toujours le coût de ses réformes.

Marine Le Pen brosse les entrepreneurs dans le sens du poil

Les Echos répondent ce 19 avril à une question concernant la présidentielle. Quelles seraient les conséquences d’une élection de Marine Le Pen pour les entreprises ? La candidate du RN prend soin de brosser les entrepreneurs dans le sens du poil. Elle est pour la reconquête industrielle, les relocalisations et contre la concurrence étrangère déloyale. Elle propose de baisser les impôts de production et les charges pour les entreprises qui augmentent les bas salaires. De plus, Marine Le Pen a des mesures très concrètes pour les agriculteurs. Elle se veut plus pragmatique sur l’utilisation des pesticides ou la création de bassins de rétention d’eau.

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Globalement elle promet donc de lutter contre la bureaucratie et de faciliter les transmissions. Pourtant il faut faire attention car elle n’évoque pas les conséquences fiscales de son programme qui sur plusieurs points n’est pas financé. Or, si l’on creuse davantage notre déficit, on nourrit la pression fiscale de demain qui nuira forcément à notre compétitivité. En somme, elle fait des promesses qui peuvent séduire mais son programme est à double tranchant.

Le programme de Marine Le Pen pèserait sur le pouvoir d’achat des Français

Par ailleurs Marine Le Pen prône la préférence nationale. Cette mesure censée favoriser les entreprises françaises serait pourtant loin d’avoir un impact positif pour toutes les sociétés. Premièrement cette décision serait illégale au niveau européen. Ensuite, si la France devient protectionniste, elle subira forcément en contrepartie des mesures de rétorsion. On risque de voir des marchés à l’export se fermer. A l’inverse si la France arrête d’importer certains biens ou si elle se prive de la main-d’œuvre étrangère, le pays est certain d’importer de l’inflation. Finalement, ce programme nous coûterait du chiffre d’affaires, et pèserait sur notre pouvoir d’achat et sur notre compétitivité. Cela revient donc à se tirer une balle dans le pied.

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Le principal risque du programme de Marine Le Pen pour les entreprises est qu’elle avance masquée. Elle présente un programme sans évoquer les conséquences. Elle se comporte comme si la France était une superpuissance capable d’imposer toutes ses vues au reste du monde. Pourtant la vérité est tout autre. En effet, si l’on revient sur la liberté de mouvement des personnes, des biens et des services, on va s’auto-exclure de l’Union européenne. Cela sera semblable à un Frexit sans même le référendum auquel ont eu droit les Britanniques. Il est certain que si l’on se coupe de nos voisins européens, les problèmes de mondialisation suivront. On ne peut pas avoir une mondialisation à la carte et on ne pourra pas peser au niveau international si on est isolé. Même si la mondialisation n’a pas que des bons côtés, les entrepreneurs français auraient bien plus à perdre qu’à gagner si la France devenait une île coupée du monde.

David Barroux

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