Patrick Drahi est un self-made man. Un polytechnicien qui a fait fortune en investissant à tour de bras dans le câble et les télécoms. Là, il fait un sacré pas de côté puisqu’il s’offre Sotheby’s, la plus grande maison de ventes aux enchères spécialisée dans l’art avec Christie’s. L’autre surprise c’est qu’on arrête pas de dire que Drahi est tellement endetté qu’on a déjà peur que son empire s’effondre. Il a proposé 2,6 milliards de dollars, soit une prime de 61% par rapport au dernier cours de Bourse de Sotheby’s. Et comme il n’a pas beaucoup de cash, l’essentiel de cette opération sera financée une fois de plus par de la dette.
Pourquoi s’endetter pour s’offrir Sotheby’s ?
Déjà il faut savoir que ce n’est pas Altice, son groupe de télécommunications, qui achète Sotheby’s. C’est Patrick Drahi à titre personnel via une holding familiale. C’est un amateur d’art impressionniste qui se fait plaisir. Ensuite, il paye le prix fort parce qu’il en a les moyens. Il va revendre 2,5% d’Altice USA pour lever 400 millions. Il peut le faire parce qu’il a des actions à droit de vote double. Il n’aura plus qu’un peu plus de 35% du capital mais 90% des droits de votes. Et sa force c’est que les banquiers lui font confiance. BNP Paribas va lui prêter le reste de la somme.
Pourquoi Patrick Drahi le patron de SFR a décidé de s’offrir Sotheby’s ? ?
« Sur un plan business Sotheby’s ça n’est pas une mauvaise affaire. Le marché de l’art est certes cyclique mais il est structurellement en croissance. » @DavidBarroux https://t.co/IGKjYczbyh pic.twitter.com/P9cziZ1PuV
— ? Radio Classique ?️ (@radioclassique) 18 juin 2019
Cet investissement peut-il être rentable ?
Dans l’art vous le savez mieux que n’importe qui Guillaume, “quand on aime on ne compte pas”. Sur un plan business Sotheby’s ça n’est pas une mauvaise affaire. Le marché de l’art est certes cyclique mais il est structurellement en croissance. C’est porteur et même si ça n’est pas très rentable Sotheby’s dégage quand même plusieurs dizaines de millions de dollars de bénéfices tous les ans. 3,7 milliards avec la reprise de dette c’est vrai que c’est cher et que le marché de l’art est très compétitif. La clef c’est le « sourcing », il faut séduire les vendeurs, il faut proposer un minimum garanti, il faut dorloter les VIP, imprimer de beaux catalogues… C’est compliqué et coûteux mais l’autre avantage des ventes aux enchères c’est que c’est très people et médiatique. D’un seul coup, Patrick Drahi va voir s’ouvrir beaucoup de portes dans le monde. Il va faire partie du Gotha. Ca fait peut-être cher la carte de visite… mais quand on paye de toutes les façons à crédit.
David Barroux