Les relocalisations ? Une fausse bonne idée, selon l’Organisation Mondiale du Commerce. Un jugement qui interpelle, alors que le gouvernement a fait de la relance du Made in France une priorité et que ce sujet fait l’unanimité dans le pays.
La France est le premier pays européen pour les investissements étrangers
Je sais bien qu’en critiquant les relocalisations, l’OMC est aussi crédible qu’un vendeur de hamburgers qui avertirait des dangers de l’alimentation végan. On peut difficilement attendre d’une organisation dont la mission est d’œuvrer à la libéralisation des échanges internationaux qu’elle scie la branche sur laquelle elle est assise. Mais il y a quand même deux choses à retenir dans cette charge. D’abord, l’OMC a raison de dire que relocalisation pourrait facilement rimer avec inflation. Difficile de prétendre qu’un produit de base pourrait être produit en France au même prix que dans un pays émergent. Le flop des masques anti-Covid Made in France en est la preuve. Ensuite, produire davantage dans l’hexagone c’est s’exposer aux aléas de la demande et donc à une adaptation permanente de l’outil de production que la mondialisation a déporté sur nos fournisseurs ces dernières années.
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Dans ces conditions, il faudrait faire deux choses en priorité pour éviter ces pièges de la relocalisation. La première serait de viser des secteurs à valeur ajoutée comme les aciers spéciaux et les principes actifs de médicaments par exemple et des filières d’avenir. A ce titre, l’investissement massif annoncé hier dans l’hydrogène est une bonne nouvelle. La deuxième consisterait à doper la compétitivité du pays. Un travail déjà entamé ces dernières années ce qui permet à la France d’être désormais le premier pays européen pour les investissements étrangers. Mais il faut continuer dans cette voie pour renforcer encore l’attractivité de notre pays. Faute de quoi, nous ne serons pas en mesure de rivaliser sur les secteurs les plus prometteurs avec nos concurrents européens, américains ou chinois. C’est à cette double condition que la France retrouvera un avenir industriel et pourra bénéficier des bienfaits de la mondialisation. Mais dans le rôle du producteur, cette fois-ci.
François Vidal