Logement : Maisons Phénix au bord de la faillite, les constructeurs victimes de l’inflation

istock

L’ancien leader français de la maison individuelle, Maisons Phénix, est au bord de la faillite. Cette situation est paradoxale au vu de la forte demande des Français depuis le Covid. Elle est pourtant symptomatique de l’inflation qui touche également les constructeurs immobiliers.

Une fois le devis signé et les financements obtenus, un promoteur peut difficilement revoir la facture à la hausse

Les Français rêvent de maison individuelle mais l’ancien leader du marché Maisons Phénix est lui en redressement judiciaire. En effet, les Maisons Phénix ont longtemps symbolisé le rêve de l’accession à la propriété. A son heure de gloire, à la fin des années 70, ce champion de la petite maison avec jardin vendait plus de 15 000 pavillons par an. Tout allait bien pourtant depuis quelque temps tout va mal. L’an dernier, Phénix n’a livré que 2 400 maisons, soit 6 fois moins que durant sa période faste. Le groupe a surtout perdu presque 15 millions d’euros et a dû se placer sous la protection du tribunal de commerce de Nanterre qui désignera peut-être aujourd’hui un repreneur. Mais ce n’est pas sûr que l’entreprise puisse survivre.

A lire aussi

 

Malgré un contexte favorable cette chute peut s’expliquer. En effet, il est paradoxal de voir le constructeur en difficulté tant la demande est encore plus forte depuis le Covid. Il y a une vraie envie de maison. On vend encore autour 150 000 maisons individuelles neuves par an en France. Pourtant, le métier est très compliqué. D’abord parce que même quand tout va bien les marges sont faibles. Alors quand tout va mal il n’y a souvent plus de marges. Et aujourd’hui tout va mal. Le prix des terrains ne cesse de monter ce qui oblige les constructeurs à serrer leurs prix, juste au moment où l’inflation sur les matières premières leur fait très mal. Le piège est bien l’inflation qui a encore accéléré avec la guerre en Ukraine. En effet, une fois le devis signé et les financements obtenus, un promoteur peut difficilement revoir la facture à la hausse. Du coup, certains comme Phénix, perdent de l’argent sur chaque maison et au final cela débouche sur une faillite.

 

1500 ménages ne sont pas sûrs de voir leurs chantiers achevés

Il n’est donc pas certain que Phénix puisse se sauver. De plus, le constructeur a un modèle très particulier. Pour réduire ses coûts de construction, il fabrique en usine des panneaux en béton et des charpentes métalliques qu’il assemble ensuite comme du Lego. Le problème est que cela génère des coûts fixes élevés. Donc si on ne trouve pas un repreneur solide, il ne pourra pas reprendre l’outil industriel. Ainsi, il sera très compliqué d’assurer la fin des chantiers. Aujourd’hui, plus de 1 500 ménages qui ont souvent versé 50 000 euros, soit un quart du prix hors terrain, attendent que leurs chantiers soient achevés. Même s’ils sont assurés, il n’est pas sûr qu’on trouve facilement et rapidement des solutions. Au-delà de Phénix, le problème est que les prix qui avaient déjà bondi de 17% sur les 5 dernières années pour les maisons, vont continuer de progresser. La loi nous pousse à construire des maisons de plus en plus grandes, de mieux en mieux isolés, sur des terrains plus sympas. Pourtant, pour les ménages modestes, le rêve est en train de devenir inaccessible.

David Barroux

Retrouvez le Décryptage Economique