Impôts : Emmanuel Macron a-t-il raison de supprimer la redevance audiovisuelle ?

istock

La redevance audiovisuelle sera supprimée en septembre 2022. Si Emmanuel Macron multiplie les gestes en faveur du pouvoir d’achat des Français, l’accumulation du manque à gagner pour l’Etat alerte sur la pérennité économique du pays.

Cette mesure générale va aggraver le déficit de l’Etat de plus de 3 milliards

Les Français ne paieront plus la redevance audiovisuelle dès la rentrée de septembre. Le nouveau Premier ministre n’est pas encore nommé, mais la décision est déjà prise, la promesse du candidat Macron sera appliquée sans attendre. Ce choix fait grincer quelques dents. En effet, cette décision est à la fois inévitable et regrettable. Inévitable, parce que la mise à exécution immédiate de cette promesse de campagne permet au chef de l’Etat de montrer qu’il se soucie du pouvoir d’achat.

A lire aussi

 

On parle tout de même d’une baisse d’impôt qui va profiter à 23 millions de Français. C’est politiquement bien joué. C’est également un bon moyen de faire taire les critiques sur l’action du nouveau gouvernement qui ne manqueront pas d’émerger pendant la campagne des législatives, alors que l’inflation ne reflue toujours pas. Pourtant, c’est aussi regrettable, parce qu’à elle seule cette mesure générale va aggraver le déficit de l’Etat de plus de 3 milliards. C’est tout sauf une bonne nouvelle pour les finances publiques au moment où l’activité économique pique du nez.

 

On risque de renouer avec un « quoi qu’il en coûte » dont nous n’avons plus les moyens

D’autant plus que d’autres mesures favorisant le pouvoir d’achat sont en cours de préparation. De la prolongation du bouclier tarifaire sur l’énergie à la mise en place d’un chèque alimentaire en passant par l’indexation sur l’inflation des minima sociaux et des retraites, c’est même une avalanche de dépenses supplémentaires qui va s’accumuler. Alors, on peut évidemment comprendre qu’il soit nécessaire de prendre des mesures d’urgence pour limiter l’impact de l’inflation.

A lire aussi

 

Il faut tout de même le faire avec discernement en privilégiant des mesures ciblées sur les populations les plus pénalisées. Sans quoi on risque de renouer avec un « quoi qu’il en coûte » dont nous n’avons plus les moyens. Pour limiter la casse budgétaire, il faudra aussi faire des choix dans d’autres domaines. Le gouverneur de la Banque de France a raison d’alerter sur le risque de voir apparaitre trop rapidement de nouvelles baisses d’impôts. C’est un message clair à l’adresse d’Emmanuel Macron qui a promis de réduire les impôts de 15 milliards d’euros.

François Vidal

Retrouvez l’édito économique