Guerre en Ukraine : Face à la flambée des prix des carburants, existe-t-il des solutions ?

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Les prix de l’essence atteignent de nouveaux records. A Paris, il n’y a plus une seule pompe à moins de 2 euros le litre. Mais la hausse est généralisée sur tout le territoire. Est-ce là encore, une conséquence de la guerre en Ukraine ?

En France, 20% de notre gazole est importé de Russie

Selon les dernières statistiques officielles, le Super 95-E10 a grimpé de 7 centimes le litre la semaine dernière à 1,87 euro en moyenne. Le litre de diesel est maintenant encore plus cher puisqu’il a explosé de 14 centimes en 7 jours, pour atteindre les 1,88 euro. On peut le dire, les prix flambent et malheureusement la tendance ne va pas s’inverser. Mais comment expliquer cette hausse des prix ? Avec la crise du Covid, le Brent s’était effondré, passant de plus de 80 dollars fin 2019 à moins de 20 dollars il y a deux ans. Depuis on avait repassé au début de l’année 2022, la barre des 100 dollars grâce à la vigueur de la reprise économique mondiale. Mais aujourd’hui c’est l’effet Vladimir Poutine.

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Une guerre fait grimper les cours, encore plus quand le belligérant est un gros producteur d’or noir et qu’il y a des menaces de boycott du pétrole russe. En France, 20% de notre gazole par exemple, est importé de Russie et c’est pour cela que le diesel grimpe encore plus que le Super. Le baril a plus que doublé en deux ans et hier, il a bondi de plus de 15% en séance. Nous sommes également victimes des taux de changes. En période de tensions, le dollar a plus de valeur refuge que l’euro. Par conséquent, l’euro recule quand le billet vert monte. Comme nous payons notre pétrole en dollars et comme il faut plus d’euros pour faire des dollars, le prix de l’essence en euro monte. En 2008, le baril coûtait encore plus cher qu’aujourd’hui, 147 dollars contre 125-130, mais l’euro valait aussi 30% de plus. Du coup le litre de diesel était à 1,27 euro contre 1,88 aujourd’hui.

La crise énergétique va coûter plus de 25 milliards d’euros aux finances publiques

Mais existe-t-il des solutions pour limiter cette inflation ? Le prix du baril ne pèse que pour 25% du prix à la pompe. Si le pétrole continue de monter cela coûtera quand même plus cher. Certains commencent à redouter un baril à 200 dollars, soit 10 fois plus qu’en mars 2020. Le vrai levier serait d’agir sur les taxes qui représentent environ 60% du prix d’un plein. Mais le gouvernement a déjà gelé l’essentiel des taxes depuis la crise des Gilets Jaunes de 2018. On pourrait lui demander de les baisser, mais cela coûterait très cher alors que la crise énergétique va déjà coûter plus de 25 milliards d’euros aux finances publiques puisque l’on a encadré le prix du gaz et de l’électricité pour préserver les ménages.

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Si on fait plus pour l’essence, avec des mesures généralisées, cela va devenir financièrement ingérable. Le contribuable payera la facture. En fait il faut sans doute des mesures ciblées mais aussi que l’on entende le signal prix : c’est-à-dire que l’on roule un peu moins. Ceci dit, il faut être honnête. Moi à Paris, je peux venir à la radio à vélo. Mais en région, la voiture reste un outil de mobilité indispensable. Et même si on vend de plus en plus de voitures électriques, le parc est encore quasi exclusivement composé de voitures et de camions à essence.

David Barroux

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