Emmanuel Macron, désormais candidat, a assuré mercredi 2 mars, que le budget de l’armée allait fortement augmenter. Une annonce qui n’est pas passée inaperçue.
En France, les moyens de l’armée ont grimpé de 1,7 milliard d’euros par an depuis 2017
Le budget de la défense a déjà beaucoup augmenté sous ce quinquennat et il va grimper encore plus vite lors du suivant. Car au-delà d’Emmanuel Macron, tous les candidats ou presque promettent de fortes hausses. Valérie Pécresse y a encore consacré une conférence de presse hier. Après des années de vaches maigres, les moyens de l’armée ont grimpé de 1,7 milliard d’euros par an depuis 2017 soit +30% en cinq ans. Qu’en est-il pour la suite ? La loi de programmation prévoyait des hausses portées à 3 milliards par an, un quasi doublement. Mais les militaires eux-mêmes n’y croyaient pas vraiment car c’est un grand classique de renvoyer en fin de période, les plus gros efforts. De fait, à Bercy, on caressait l’idée de les étaler. Mais voilà, le conflit ukrainien est passé par là et la déclaration du chef de l’Etat donne du crédit à cette trajectoire ambitieuse.
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Mais alors, à quoi pourraient servir ces crédits supplémentaires ? On reste dans une logique de rattrapage avec une modernisation de l’armée de terre – encore 900 blindés sont à livrer – une dissuasion nucléaire avec une nouvelle génération de sous-marins ou encore des investissements dans la cyberdéfense. Pour certains gradés, il faudrait augmenter encore plus les budgets. Mais évidemment, cela pose la question de comment payer l’addition sachant que des efforts sont programmés pour la police, la justice, l’école, l’hôpital. Et là, personne ne répond. L’Allemagne vient d’annoncer 100 milliards de plus pour sa défense mais attention, ces investissements seront réalisés via un fonds spécial : cela augmentera la dette mais pas le déficit. Ce qui est sûr, c’est que les dépenses militaires vont bondir partout en Europe et cela devrait conduire à une mutualisation beaucoup plus poussée des moyens. L’Europe de la défense n’est pas simple à bâtir certes, mais le moment s’y prête vraiment.
Etienne Lefebvre