Déclin du marché français de l’édition

En 2018, le chiffre d’affaires de l’édition en France a encore baissé d’un peu plus de 4% à un peu plus de 2 milliards et demi d’euros. En volume, en nombre de livres vendus, les chiffres sont encore plus parlants. On est passé de 430 millions d’ouvrages écoulés en 2017 à 419 millions en 2018. Les romans cèdent presque 6%. Et les ventes de dictionnaires s’effondrent de 18%.

Comment s’explique cette chute ?

C’est plus un problème de demande que d’offre. Parce que l’an dernier on a proposé plein de choses aux lecteurs. La production a encore bondi de 2% à presque 107.000 nouveautés et rééditions confondues. C’est énorme. Certains disent que trop de choix tue le choix. Les libraires ne savent pas quoi défendre. Mais à mon avis le véritable problème c’est comme pour la presse, l’écrit en général… Le papier est concurrencé par les écrans. Les smartphones, les tablettes, les télé connectées… Aujourd’hui on consomme de l’instantané en format court ou des séries. Ce qui fragilise le livre c’est surtout Instagram, snapchat et facebook. Et côté audiovisuel les séries de Netflix ou le fait qu’il y a de plus en plus de foot à la télé. Les amateurs de ballon rond n’étaient peut-être pas les plus gros lecteurs mais aujourd’hui, ils n’ont même plus le temps… Il y a du foot tout le temps. Ce n’est pas un hasard si en dix ans, le temps de lecture hebdomadaire est tombé de 5 h 45 à 5 h 15

Est-ce que le livre est condamné à un lent déclin ?

Franchement il y a un risque car le lectorat a tendance à vieillir. C’est dur de séduire la jeune génération et ce n’est pas sûr qu’en vieillissant les jeunes d’aujourd’hui qui seront les vieux de demain seront des lecteurs de polars ou de romans intimistes. Le marché ne va pas s’écrouler mais le plus probable c’est quand même un déclin plus ou moins accéléré avec de temps en temps un best-seller qui tirera les ventes. Les choses positives c’est qu’il y a encore des auteurs populaires qui arrivent à vendre beaucoup, il y a une offre très diversifiée de très grande qualité et il y a des segments qui résistent bien. Le livre jeunesse a progressé de plus de 2% l’an dernier – c’est le signe que les parents ne veulent pas que les enfants passent tout leur temps devant les écrans. Les documents d’actualité et les essais bondissent de 6%. C’est le signe qu’au-delà de l’instantanéité de l’info les lecteurs veulent aussi prendre du recul. La BD qui est un segment stratégique est resté stable. Et enfin le livre numérique continue de progresser et représente maintenant 8% du chiffre d’affaires des éditeurs.

David Barroux

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