La France se prépare au « scénario du pire » concernant le gaz russe. Le gouvernement prévient qu’en cas de coupure totale de l’énergie provenant de Russie certains secteurs industriels jugés comme des grands consommateurs, seraient obligés de réduire conséquemment leurs activités.
« Une coupure totale du gaz russe est l’option la plus probable »
« Il faut se mettre dans le scénario du pire, car il existe », c’est le message passé par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, récemment. Cet appel à la vigilance fut à nouveau martelé ce week-end par Bruno le Maire, pour qui « une coupure totale du gaz russe est l’option la plus probable ». Le gouvernement habitue les esprits à des temps difficiles en matière d’énergie. L’exécutif a déjà prévenu qu’en cas de pénurie, il entend privilégier certaines industries au détriment d’autres. Une solution de dernier recours, si nous n’arrivons pas à constituer nos stocks de gaz, pour cet hiver (nos stocks sont à 60% actuellement contre 46% à la même période, l’année dernière), ou à trouver de nouveaux fournisseurs.
5 700 usines pourraient voir leurs activités fortement ralenties
On se demande alors quelles seraient les entreprises à en faire les frais. En effet, si le gaz ou l’électricité venaient à manquer, il faudra tailler dans le gras. Les industries les plus énergivores pourraient se voir demander de consommer moins. Aloïs Kirchner, spécialiste industrie à l’Institut Montaigne, nous explique que les premiers concernés sont les usines de métallurgie et de pétrochimie : « pour l’électricité, cela peut concerner les industries productrices d’aluminium ou de silicium. Pour le gaz, cela concerne davantage les producteurs d’acier, de fonte, de ciment, de tuile ou de papier ». La liste des sites concernés est en cours d’élaboration. Elle pourrait comprendre quelque 5 700 usines. Celles-ci pourraient voir leurs activités fortement ralenties, en cas de besoin.
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D’ailleurs, un décret a été publié, dans ce sens, en avril. Pourtant, ce scénario noir n’est pas une fatalité, selon Alexandre Saubot, président de France Industrie : « moins il y a de gaz, moins il y a de productions. Cela va entrainer du chômage partiel et une balance commerciale dégradée. Avant d’arrêter certaines activités industrielles, il faut que la sobriété et l’exigence de chaque citoyen nous protègent d’un fort impact économique ». Cet impact pourrait aussi être écologique. Face aux risques de coupure, pour sécuriser l’approvisionnement en énergie des usines, nombre d’industriels envisagent le recours au pétrole, 25% plus émetteur de CO2 que le gaz naturel. Il est tout de même important de rappeler que ce scénario est des plus extrêmes et qu’en cas de ralentissement de l’économie aucun établissement vital, comme les hôpitaux ou les commissariats, ne sera touché.
Eric Kuoch
Ecoutez le reportage d’Eric Kuoch :