Carrefour était en Chine depuis le milieu des années 90 mais hier le géant français de la grande distribution a annoncé qu’il allait arrêter les frais. Il va vendre 80% de quelque 200 hypermarchés à Suning.com, un distributeur non-alimentaire chinois qui gère presque 9000 magasins ainsi qu’une plate-forme de e-commerce.
Pourquoi Carrefour cède cet actif ?
Carrefour était à la fois trop petit, en pertes et pas assez moderne en Chine. La Chine c’est un gigantesque marché qui fait rêver mais c’est un marché compliqué. Avec seulement 3% de parts de marché, Carrefour ne pesait pas assez et le format d’hyper qui a bien fonctionné quand la Chine a commencé à basculer dans la société de consommation n’est plus très adapté et est fragilisé par l’incroyable boom du e-commerce. Pour rebondir dans ce pays il faut pouvoir investir à la fois dans de nouveaux formats et il faut être très en pointe dans le commerce électronique. Pour Carrefour ça devenait trop compliqué surtout que les concurrents locaux ont bien changé. En 1995 Carrefour était un occidental avec de l’argent et de l’expertise. Aujourd’hui ce sont les Chinois qui sont riches et qui sont en pointe dans l’innovation. Surtout que Suning.com est contrôlé à hauteur de 20% par un certain Alibaba, le géant du e-commerce qu’on appelle souvent le Amazon chinois.
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Est-ce que ce désengagement est un vrai revers pour Carrefour ?
A court terme, cela ne va pas beaucoup changer. La Chine ne représentait que 5% de son chiffre d’affaires. Mais cet échec est un symbole. Au milieu des années 90, le Français était un vrai poids lourd. Il avait conquis la France et il voulait conquérir le monde en exportant son modèle : l’hypermarché. Aujourd’hui, Carrefour est victime en France de la guerre des prix et du déclin progressif de l’hypermarché. Et à l’international, Carrefour s’est sans doute trop dispersé et du coup n’a pas construit assez de positions solides. Aujourd’hui le groupe doit choisir ses combats. Sa priorité c’est la France et le Brésil où il est leader. En Chine il va pouvoir suivre les tendances mais il ne sera plus aux manettes sur le marché qui va passer cette année devant les Etats-Unis pour devenir le premier au monde pour les ventes de détail. C’est une opportunité de croissance qui s’envole.
David Barroux