Automobile : Pourquoi le marché de la voiture électrique échappe à la crise

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Le marché de la voiture électrique semble avoir décollé. Face aux nombreuses crises économiques successives, le marché de l’automobile sans essences paraît échapper aux difficultés du secteur. 

Pour l’instant la voiture électrique reste une goutte d’eau dans un océan de pétrole

Le marché automobile va globalement mal. En 2020, la crise du Covid a pesé sur l’offre comme sur la demande. En 2021 la pénurie des semi-conducteurs a pénalisé la production. Cette année, le retour des confinements massifs en Chine et la guerre en Ukraine impactent encore de nombreuses usines. Pourtant dans cet univers sombre, le marché de la voiture électrique se porte bien. L’agence Bloomberg a fait ses calculs et prédit que la barre des 20 millions de voitures électriques roulant sur les routes du monde va bientôt être franchie. A la fin de l’année le nombre de voitures électriques en circulation atteindra les 26 millions, et en 2025 ce chiffre aura dépassé les 54 millions.

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Cette progression ne veut pas dire que la voiture électrique va remplacer plus vite que prévu la voiture à essence. Elle se confronte en effet à deux difficultés majeures. La première est due au parc automobile déjà installé. Si 25 millions de voitures électriques dans le monde d’ici la fin de l’année est une somme importante, cela reste très peu pour la voiture en général. Dans le monde, il y a aujourd’hui plus de 1 milliard 200 millions de voitures qui roulent. L’électrique reste donc une goutte d’eau dans un océan de pétrole. La deuxième raison qui ralentit la prise de pouvoir de l’électrique sur le marché, est géographique. Si la voiture électrique accélère, elle n’est pas aussi rapide partout. 1 voiture à batterie sur 2 est vendue en Chine, un gros tiers est vendu en Europe et seulement 15% aux Etats-Unis qui restent très en retard. L’Amérique du Nord finira sans doute par rattraper la distance mais cela va prendre plus de temps. Pour le reste du monde la situation est très problématique. Afin qu’il y ait des voitures électriques dans les pays les plus pauvres comme en Afrique ou en Inde, il va falloir déployer des infrastructures de recharge. Pourtant, même en Europe cela prend du temps donc ce marché semble pour l’instant exclusivement réservé au pays les plus riches.

 

Il faut encore 10 années pour que le parc des vieilles voitures à essence disparaisse

Cela veut-il dire que la voiture électrique va rester encore longtemps relativement minoritaire ? Si on parle de la voiture individuelle, on aura sans doute d’ici 10 ans un monde coupé en deux avec la Chine et les pays occidentaux qui auront globalement basculé sur les voitures neuves électriques. Il faudra encore une bonne dizaine d’années pour que le parc des vieilles voitures à essence disparaisse. Dans les autres pays, la voiture électrique va mettre plus de temps mais la mobilité électrique va quand même progresser très vite. D’abord parce que les bus peuvent vite passer à l’électrique. En Chine, pays qui donne le tempo du marché, il y a déjà plus de 600 000 bus électriques. Ce chiffre représente 16% de la base installée mondiale et 39% des nouvelles ventes. Ainsi le reste du monde pourrait suivre assez vite. Il en va de même pour les scooters à 2 ou 3 roues car sur ce marché les solutions d’achat sont économiques pour des modèles d’entrée de gamme. Au moment où le prix de l’essence flambe cela pousse également les consommateurs à s’équiper en véhicules qui sont plus faciles et rapides à recharger que des voitures.

David Barroux

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