Dans l’agroalimentaire, l’inflation va devenir une réalité. Les Français qui, comme moi, aiment bien se plaindre, disent tout le temps que « tout augmente » mais depuis des années les prix des produits de grande consommation augmentaient très peu.
Le prix du gaz a bondi de 90%, celui du blé de 36%
L’an dernier, il y a bien sûr eu un peu d’inflation car le Covid a impacté les chaînes de production et la logistique, mais elle a été surtout limitée aux produits alimentaires et aux produits d’entretien. Les shampoings et les lessives, par exemple, ont baissé. Résultat, en 2021, le panier moyen n’a guère bougé. Mais les choses sont sur le point de changer et on est maintenant à l’aube d’une période d’inflation bien plus prononcée. Pourquoi les prix vont-ils augmenter maintenant ? La première raison, c’est qu’en France les négociations commerciales entre distributeurs et producteurs sont encadrées par un calendrier annuel. On négocie les prix sur une base annuelle. Elles viennent de s’achever et on s’orientait déjà vers une hausse des étiquettes d’au moins 3% pour refléter la progression des prix de l’énergie, du carton et des matières premières en général. Mais ça, c’était avant l’invasion de l’Ukraine.
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Depuis le prix des matières premières a explosé. Le blé a bondi de 36%. Le gaz de 90%. Le tourteau de soja qui sert à nourrir le bétail a doublé depuis la mi-2021. Et quand les coûts des producteurs s’envolent, il est maintenant inscrit dans la loi que les distributeurs doivent accepter ces hausses de prix même si les négociations commerciales sont terminées. Les distributeurs peuvent-ils quand même essayer de contenir cette inflation ? Les Leclerc, Carrefour, Super U, Lidl ou les autres disent toujours qu’ils sont là pour défendre notre pouvoir d’achat mais leur marge de manœuvre est limitée.
Face à l’inflation, comment réagira le consommateur ?
En Allemagne, Aldi, qui est le roi du low-cost, vient d’augmenter les prix de 10% de son offre. Sur les pâtes par exemple c’est +40%. Sur l’huile de tournesol, +30%. En Espagne, il n’y a pas de mécanisme pour limiter l’explosion du coût de l’énergie donc les prix flambent déjà de presque 10%. En France, le gouvernement a gelé le prix du gaz et de l’électricité et on a mis en place des aides d’urgence pour les producteurs. Cela peut limiter l’inflation, mais pas la faire disparaître. Surtout que le gouvernement fait pression sur les distributeurs pour qu’ils soutiennent nos paysans. Mais ce n’est pas parce que le prix de certains produits augmentent qu’on va forcément tous dépenser beaucoup plus. Certains n’ont pas le choix, parce qu’ils n’ont pas les moyens. Le consommateur va faire des arbitrages. Il va sans doute plus regarder les étiquettes et récompenser les marques qui arrivent mieux que d’autres à contenir leurs prix. On va peut-être cuisiner davantage parce que c’est moins cher que d’acheter des plats déjà préparés. On va peut être limiter les extras. On va faire confiance aussi à la concurrence qui reste vive entre les distributeurs. Mais c’est sûr que cela va aussi nourrir les revendications salariales dans les entreprises. Quand tout augmente, les salariés demandent aussi en général qu’on augmente leurs salaires.
David Barroux