Airbus, c’est avant tout une incroyable réussite qui doit être une source d’inspiration pour l’Europe. Il faut se rendre compte de la réussite incroyable d’Airbus. Le 29 mai 1969, lorsque les Français et les Allemands décident d’unir leurs forces pour lancer un concurrent aux constructeurs aéronautiques américains, le monde entier rigole. Mais aujourd’hui, Airbus contrôle la moitié du marché aéronautique des gros porteurs avec Boeing. Toutes les deux secondes, il y a quelque part dans le monde un avion made in Europe qui atterrit ou qui décolle
Pourquoi Airbus a connu une telle réussite ?
C’est la rencontre entre une impulsion politique et le savoir-faire d’entrepreneurs. A la fin des années 60, les Européens comprennent que l’aéronautique est une question de souveraineté. Pour rester maître de notre destin, nous devions savoir faire et vendre des avions. Les gouvernements ont donc fait plusieurs choses. Dans chaque pays ils ont favorisé les fusions pour donner la naissance à des champions nationaux. Ensuite, tous les grands pays européens ont poussé les industriels à fusionner à l’échelle européenne. Tout le monde a accepté de partager le pouvoir. Certes, cela rend les choses parfois plus compliquées car un Airbus est un puzzle avec des pièces qui viennent de tous les coins d’Europe. Mais c’est la preuve même que l’union fait la force.
Et il faudrait s’inspirer plus souvent d’Airbus ?
Oui car nous sommes à un moment doublement charnière. Sur un plan géopolitique, nous avions face à nous les Etats-Unis. Il faut désormais compter en plus la Chine. Deux colosses avec d’énormes moyens et de gros marchés domestiques. Et sur un plan technologique, avec la révolution digitale, les cartes vont être rebattues dans toutes les industries (voiture, énergie, informatique, etc). L’Europe a donc besoin de constituer des champions qui puissent investir. Il faut que les politiques facilitent la création de poids lourds, qu’ils rendent leur développement possible mais il ne faut pas qu’ils essayent de les manager. Il faut libérer l’énergie des entrepreneurs.
David Barroux