UNE SOMME ET UN SOMMET

Voilà sans conteste l'intégrale des concertos pour piano la plus équilibrée. Le Mozart de Zacharias se montre spontané, vif et lyrique.

Enfin, MDG regroupe en coffret la seconde intégrale des concertos pour piano de Mozart par Christian Zacharias, réalisée pendant la décennie 2000 avec l’Orchestre de chambre de Lausanne. Sa première tentative, rééditée par EMI (voir n° 140), souffrait de l’hétérogénéité des orchestres et des chefs alors associés au pianiste allemand. Rien de tel ici. Zacharias se retrouve face à lui-même et à Mozart.Dès le premier volume, tout était déjà là: les équilibres souverains, le sens des justes proportions, l’extrême lisibilité des plans sonores, la grâce tranquille des solistes de l’Orchestre de chambre de Lausanne, leur entente avec un Zacharias ailé, semblant flotter au-dessus des notes. En résultait aussi une absence volontaire de toute emphase. Au fil des sessions, Zacharias trouve toujours la bonne dynamique, le phrasé qui chante et qui charme. Même les oeuvres les plus modestes bénéficient de ce même mélange unique de tact, de viva cité et de flegme. S’y ajoute une clarté constante des lignes, magnifiée par une prise de son précise, généreuse. Le Mozart de Zacharias respire sans mièvre rie ni emportements.
Cette distanciation correspond sans doute à un goût classique, moins romantique que celui de l’intégrale Perahia chez Sony, jusqu’alors notre référence. Ni chambriste ni symphonique, cette approche très sophistiquée figure un nouvel archétype. Et Zacharias s’impose au sommet de la discographie moderne dans un coffret à prix d’ami. Pourquoi s’en priver?