STRAVINSKY, PAR LUI-MÊME ET SES MEILLEURS INTERPRÈTES

Deux intégrales de l'oeuvre du compositeur paraissent respectivement chez Sony et Deutsche Grammophon. Indispensable.

Dès les années 1920, Stravinsky prit l’habitude de graver, à Londres ou à Paris, ses nouvelles partitions peu après leur création. EMI puis Andante ont réédité une grande partie de ces témoignages. Pendant la guerre et jusqu’aux années 1950, les sessions se sont poursuivies aux États-Unis pour RCA ou Columbia, essentiellement avec les orchestres de la RCA, de New York et de Cleveland. Pearl et Sony avaient de leur c™té réédité l’essentiel de ce legs transitoire. Le voilà disponible pour la première fois dans son intégralité avec les fameux enregistrements stéréophoniques de la Columbia.
Une nouvelle fois, différents orchestres furent convoqués : ceux, ad hoc, de la Columbia à Los Angeles ou New York, ceux de Cleveland, Chicago et de la CBC de Toronto.
Cette somme unique, réalisée entre 1957 et 1969 (le premier enregistrement fut Agon et les derniers ont été dirigés par Robert Craft " sous la supervision du compositeur "), a souvent été republiée par Sony sous forme de coffrets de différentes tailles regroupant 22 CD. The Complete Columbia Album Collection permet de la retrouver assortie de nombreuses raretés, comme le Rake’s Progress de 1953, l’OEdipus Rex de 1951 avec Cocteau, le Divertimento de Mexico en 1948 et de véritables inédits comme Mass, dans une prise de 1966. Cet ensemble, magistralement édité et remasterisé, est plus que jamais indispensable et révélateur. Ne vous fiez pas aux critiques malveillantes : Stravinsky interprète est toujours au service de Stravinsky compositeur. Ses enregistrements, d’une acuité rythmique exemplaire, soulignent avec éclat la logique formelle des oeuvres. Ils sont en outre d’une vivacité et souvent d’une intensité expressive bien éloignées de l’idée galvaudée de musique objective. Stravinsky respectait le texte mais faisait aussi vivre la musique qu’il dirigeait. On s’apercevra au fil de cette discographie que la plupart de ses interprétations ont valeur de référence, ce qui est loin d’être le cas de celles des chefs célèbres qui lui étaient contemporains.
Parallèlement, Deutsche Grammophon présente la première intégrale véritablement exhaustive de l’auteur du Sacre. A l’aide du fonds Universal (avec Boulez en vedette, on ne s’en plaindra pas !), ces 30 CD permettent d’entendre les mélodies et les pièces instrumentales les plus rares, comme l’arrangement de La Marseillaise. Deux coffrets incomparables.