Considéré comme l’un des meilleurs danseurs de sa génération, Sergei Polunine se dévoile dans son autobiographie. Si le danseur étoile ukrainien de 31 ans dit s’être assagi depuis la naissance de son fils il y a un an, il demeure un artiste sulfureux aux prises de positions souvent provocatrices.
En 2019, l’Opéra de Paris avait annulé sa participation en raison de propos homophobes, sexistes et grossophobes
Une biographie, « Free », en photos et confidences qui sortira le 15 mai, un film, Passion simple, de Danielle Arbid dans lequel il tient le rôle principal et un spectacle Roméo et Juliette (musique de Serge Prokofiev sur une chorégraphie de Johan Kobborg) aux côtés de la ballerine Alina Cojocaru le 1er décembre au Royal Albert Hall, c’est l’actualité de Sergei Polunine que l’on n’a plus vu sur scène et en public depuis des années. Entre-temps, le danseur étoile ukrainien a pris la nationalité russe, s’est lancé dans une carrière d’acteur (on a pu le voir dans le Crime de l’Orient-Express, réalisé par Kenneth Branagh) et a eu, en janvier 2020, un fils, Mir, avec sa compagne, l’ex-patineuse artistique russe Elena Ilinykh.
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Faisant une pause dans sa carrière de danseur, il en a profité pour écrire son autobiographie dans laquelle il raconte son parcours tortueux. Elève surdoué puis danseur étoile au Royal Ballet de Londres, c’est aussi un artiste rebelle à la réputation sulfureuse qui conduisit, par exemple, l’Opéra de Paris à annuler sa participation au Lac des cygnes, qu’il devait danser début 2019, en raison de propos homophobes, sexistes et grossophobes publiés sur son compte Instagram.
Sergei Polunine: « Cette vieille génération du ballet devrait être en prison ! »
Dans cette autobiographie, préfacée par l’acteur américain Sean Penn, Sergei Polounine revient sur son parcours de surdoué de la danse mais aussi sur ses dérives « excentriques », ses errements entre alcool et LSD, ses nombreux tatouages (son professeur de danse, son chat, la carte de la Crimée, Mickey Rourke et même Vladimir Poutine, qu’il a récemment effacé), ses déclarations excessives, et tente de faire amende honorable, reconnaissant avoir « tout gâché pendant des années ».
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Mais le naturel reprend vite le dessus et lorsqu’une journaliste du Telegraph évoque la disparition brutale en avril du chorégraphe Liam Scarlett, accusé de harcèlement sexuel, avec lequel il avait travaillé au Royal Ballet, Serguei Polunine s’emporte, notamment contre des responsables qui « savaient tout » mais n’ont rien fait pour prendre en considération le cas du chorégraphe et aider les élèves victimes de ses agissements. La sentence est lourde, les mots sont brutaux, comme souvent avec le danseur ukrainien qui estime que « Tous les gens de cette vieille génération du ballet devraient être en prison ! ».
Philippe Gault