L’intégrale des Symphonies de Sibelius par Osmo Vänskä et l’Orchestre du Minnesota, unanimement célébrée à sa parution, est rééditée par le label Bis en un magnifique coffret que complète la cantate Kullervo.
Avec cette nouvelle intégrale des Symphonies de Sibelius– Vänskä en avait déjà réalisé une dans les années 90, d’une limpidité minérale, aux commandes de l’Orchestre de Lahti (Bis également) -, le Finlandais s’inscrit dans la lignée de ses compatriotes Robert Kajanus et Paavo Berglund. Le vibrato contenu des cordes, le geste qui va à l’encontre de l’uniformisation des pupitres et du fondu des sonorités, les textures translucides portent l’empreinte d’une compréhension intime de l’univers sibelien.
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Jamais les mots du compositeur qualifiant sa Sixième Symphonie d’ « eau pure » n’ont paru aussi à-propos. Au reste, c’est partout la carte de la « musique pure » qui est jouée : aucune trace de sentimentalisme dans la Première, ni de relents nationalistes dans la Deuxième. S’il fallait trouver une filiation, ce serait davantage avec Bruckner, le mysticisme en moins : pédales de cuivres, orchestration procédant par « registrations », sonorités de cathédrale… Vänskä s’attache à rendre d’emblée audible l’idiomatisme de l’écriture, la poussée organique irrépressible de la forme.
Osmo Vänskä a été nommé « plus grand Sibelien vivant » par le journal britannique The Sunday Times ; une réputation fondée notamment sur ses deux cycles symphoniques éditées par le label BIS
On se situe à l’opposé de l’exaltation romantique-philharmonique de Léonard Bernstein ou d’un Eugen Ormandy. Sans doute Vänskä connait-il trop bien la nature de leur pays, qui a tant influencé Sibelius. Ici, pas de symphonie mineure : les pédales abyssales des cuivres, les vagues scélérates des cordes, le jeu des timbales en soufflet sont déjà présents dans la Première Symphonie, avec ses gouffres et ses icebergs qui vous arrivent dessus. Complété par l’étonnante cantate de jeunesse Kullervo, que Sibelius tenait (à tort) en mésestime, ce coffret s’impose, on l’aura compris, comme un indispensable !
Jean Sibelius : Symphonies n° 1 – 7. Kullervo. Orchestre du Minnesota, Osmo Vänskä (4 CD BIS)
Jérémie Bigorie
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