Valery Gergiev et le Philharmonique de Munich célèbrent Bruckner dans une intégrale appelée à faire date des Symphonies captées en la basilique Saint-Florian.
Valery Gergiev ne pouvait pas ignorer Bruckner tant ce compositeur est lié à l’histoire du Philharmonique de Munich
Les Munichois ont bien de la chance, qui disposent à domicile de plusieurs phalanges symphoniques de niveau international incluant l’Orchestre de la Radio bavaroise et le Philharmonique de Munich, même si la première, sans doute en raison du rayonnement que lui confère son importante discographie, a tendance à faire ombrage à la seconde. Mais l’Orchestre de Munich a créé récemment – à l’instar de maints orchestres d’aujourd’hui (de New York à Berlin en passant par San-Francisco et Londres) – son propre label dont la Symphonie « Romantique » de Bruckner constituait, en 2016, la deuxième parution (après la Symphonie Résurrection de Mahler), toujours dirigée par leur actuel directeur musical depuis 2015 : Valery Gergiev.
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Chef titulaire de l’orchestre philharmonique de Munich depuis 2015, Valery Gergiev ne pouvait pas ignorer Bruckner tant ce compositeur est lié à l’histoire de cet ensemble. En programmant les symphonies du compositeur autrichien avec l’Orchestre de Munich, Valery Gergiev s’inscrit dans le sillage d’une prestigieuse tradition puisque Sergiu Celibidache (1912-1996), éminent brucknérien devant l’éternel, marqua durablement de son empreinte (sonorités de cathédrale et ampleur des tempos) la formation bavaroise sur laquelle il régna de 1979 jusqu’à sa mort en 1996. Lui succéderont James Levine (1999-2004), Christian Thielemann (2004-2011) et Lorin Maazel (2012-2014) qui, chacun à sa manière, s’attachera à entretenir l’identité sonore de l’orchestre.
Valery Gergiev façonne des climats à la hauteur de cette musique puissamment architecturée
Valery Gergiev magnifie chaque section, qu’il relie avec agilité et fluidité. Les tempos sont justes, permettant de mettre en valeur chaque pupitre sans perte d’énergie. Frappe surtout la manière dont le chef façonne des climats qui se tiennent à la hauteur de l’ambition de cette musique puissamment architecturée. Le fait d’avoir enregistré (en public) le cycle en la Basilique Saint-Florian, où Bruckner officia comme organiste et sous l’autel de laquelle il est enterré, confère un surcroît d’intensité à cette interprétation : « il est des lieux où souffle l’esprit »… Notez que Radio Classique diffusera en partenariat avec Mezzo, La Symphonie n° 7 de Bruckner dimanche 27 décembre et La Symphonie n° 9 de Bruckner,
dimanche 31 janvier.
Anton Bruckner : Intégrale des Symphonies. Orchestre philharmonique de Munich, dir. Valery Gergiev (9 CD MPHIL + DVD ArtHaus/Telmondis)
Décernés chaque semaine, les Trophées Radio Classique priment un nouvel album, mis à l’honneur notamment dans l’émission « Tous Classiques » de Christian Morin.
Jérémie Bigorie