MICHAEL TILSON THOMAS, CHEF DE BANDE

Le chef d’orchestre Michael Tilson Thomas, qui fut l’élève et l’intime de Bernstein, ici à la tête de son Orchestre symphonique de San Francisco, relève le défi d’enregistrer – trente ans après celui, tardif, de son mentor (1984, DG) – cet ouvrage majeur du XXe siècle… qui aura connu pas moins de quarante mille productions en un demi-siècle ! Il existe plusieurs orchestrations et des montages différents, entre les versions de Broadway, les reprises, et la version cinématographique, mais comme s’en explique MTT, le chef reprend grosso modo celle adoptée par Bernstein, doublant, çà et là, le nombre de cordes. Que cette formation américaine, rompue à ce style associant le romantisme et l’opérette du vieux Continent, les rythmes sud-américains, le be-bop, le swing, le ragtime et l’esprit du music-hall, s’en soit fait l’interprète, ajoute une plus-value à cet album, d’une saveur et d’une énergie incontestables. MTT soigne particulièrement son plateau vocal. À l’inverse de Bernstein, qui avait cru bon faire chanter des stars de l’opéra, au finish peu crédibles, il confie les rôles à de jeunes chanteurs férus de comédie musicale. L’auditeur est à la fête, du truculent Jet Song aux éblouissants Mambo et Cha- Cha, en passant par un Maria chanté avec une finesse parfaite, et l’extraordinaire enchaînement d’America (magnifique duo Jessika Vosk et Juliana Hansen) et du théâtre bruissant de Cool. Enfin, on souscrit pleinement au choix de la soprano Julia Bullock : sublime dans le célèbre Somewhere… En outre, par la disposition des chanteurs et des différents choeurs sur scène, et une prise de son adaptée (capté live, entre le 27 juin et le 2 juillet 2013), le chef ajoute une dimension théâtrale à l’ouvrage, ce qui distingue d’autant plus sa version de celles parues depuis Bernstein (Warner, Decca et Naxos). Celle-ci, si aboutie, est désormais notre version de référence.