LES TRÉSORS LYRIQUES DE FRANCESCO CAVALLI

Une consécration pour le maître vénitien que cette édition des temps forts de son répertoire lyrique, soit vingt-sept opéras conservés. Raffiné et poignant.

On ne pouvait rêver plus bel hommage à Francesco Cavalli. En un peu moins de deux heures, cette anthologie rassemble pour la première fois les temps forts des vingt-sept opéras conservés du maître vénitien. Mais la passion et la ferveur qui ont donné naissance à ce double album et qui le font marquer d’une pierre blanche se lisent avant même d’écouter les disques. Accueillant les contributions de Jean-François Lattarico, d’Ellen Rosand et du premier biographe francophone du compositeur, le livret nous met en présence des plus éminents spécialistes du sujet, pour une présentation en règle. Comme si l’on avait voulu officialiser, après l’avoir reconnue maintes fois à la scène et au disque, la place de Cavalli au firmament de l’art musical. Les interprètes sont au rendez-vous et signalent qu’une page a été tournée dans ce répertoire.
Dépassant les raideurs passagères de pionniers tels que Jacobs, Leonardo García Alarn cón construit un continuo où la volupté des timbres ne met jamais en péril la tension rythmique. Mariana Flores s’approprie le débit vocal si propre à la rhétorique de l’époque avec une aisance qui fait oublier toute réminiscence de techniques plus tardives. Les nuances expressives au fil d’un texte parfaitement incorporé atteignent des raffinements poignants ; seules les émotions violentes paraissent légèrement contenues. Donnant la réplique avec brio dans les dialogues et les duos, Anna Reinhold s’offre un moment de gloire avec l’invocation infernale de Médée, extraite d’Il Giasone. Un album incontournable pour tous les amateurs d’opéra baroque.