JÉRÔME PERNOO : Il vous mijote de délicieux petits plats

Le violoncelliste a créé voici dix ans « Les Vacances de Monsieur Haydn », un festival unique en son genre. Rendez-vous pour un week-end gourmand !

Votre festival « Les Vacances de Monsieur Haydn » à La Roche Posay fête ses dix ans. Qu’est ce qui a changé depuis les débuts ?
Rien ! Toujours la même jeunesse, ce même besoin de partager la musique avec bonne humeur, sans snobisme et dans une qualité profonde. Si cela fait dix ans que notre salle ne désemplit pas (5 000 entrées en trois jours), c’est la preuve qu’il s’agit d’un réel besoin.
Pourquoi un festival « off » en plus du « in »?
C’est notre plus grande fierté ! Au début, nous étions les seuls à faire un «off » dans un festival classique. Le concept est simple : des jeunes ou de grands amateurs font des concerts gratuits de vingt minutes partout dans La Roche-Posay. Cela n’engage à rien, cela ne coûte rien. On passe une jambe, une oreille, on est très proche des musiciens… L’effet est saisissant ! Ainsi, nous avons créé un nouveau public.
Comment fixez vous les programmes ?
Comme un cuisinier. Mais avant tout, je pense au public, j’imagine la soirée qu’il va passer, les différents rythmes et émotions qu’il va ressentir. Au menu : une entrée (souvent du Haydn), des saveurs à découvrir (fraîchement composées), un bon plat de résistance (rien ne nourrit plus qu’un chef-d’oeuvre, qu’on l’entende pour la première ou la centième fois)… Les mignardises seront réservées pour le concert final !
Qu’est ce, selon vous, qu’un concert réussi ?
Lorsqu’on en ressort différent. L’art sert à ça, non ? Je ne vois plus la même forêt après avoir lu Gracq, je ne vois plus le même ciel après Vinardel, je ne pleure plus de la même façon après Schubert. Si le concert offre cette transformation, il est réussi.
Le 18 septembre vous allez jouer le Concerto de Guillaume Connesson, que vous venez également d’enregistrer. Qu’est ce ce qui vous lie à cette oeuvre ?
D’abord le fait qu’elle me soit dédiée ! Je m’y sens comme dans un costume taillé sur mesure. Ensuite, ce qui me lie à elle, c’est l’envie de la jouer. J’ai dû jouer ce concerto une vingtaine de fois. J’y trouve un plaisir exceptionnel dans la relation compositeur- interprète-public. Le compositeur a pris du plaisir à écrire avec tant d’inspiration et d’intelligence. Le plaisir de l’interprète, lui, grandit au fil des représentations ; celui du public se lit dans l’enthousiasme de ses ovations (je n’ai encore jamais joué ce concerto sans bisser le finale !).
Vous jouez souvent les compositeurs de notre temps. Lesquels ? Pourquoi ?
Ce n’est pas une posture. Ce n’est pas une « mission » qui consisterait à dire au public « vous devez aimer ceci ou cela ». C’est plutôt l’envie de partager ce que j’aime. Ducros, Delplace, Waksman, Doulcet, Rhorer sont de grands musiciens bien vivants, ce serait dommage de passer à côté de ce qu’ils offrent à notre monde intérieur.
La dixième édition des «Vacances de Monsieur Haydn» se tiendra du 18 au 21 septembre à La Roche-Posay (86, région Poitou-Charentes).
Rens. : www.lesvacancesdemonsieurhaydn.com
Par ailleurs, Jérôme Pernoo interprète le Concerto pour violoncelle de Guillaume Connesson qui paraît ces prochains jours chez Accord/Universal.