Guerre en Ukraine : « Mes parents n’acceptent pas que j’aie quitté le Bolchoï », confie la danseuse russe Olga Smirnova

Crédit: Elena Fetisova

Le 16 mars, le départ d’Olga Smirnova, danseuse vedette du Bolchoï qui a rejoint le Dutch National Ballet à Amsterdam, a fait l’effet d’un petit séisme dans le monde de la danse. Dans un entretien avec l’Agence France Presse, la ballerine russe revient sur la décision qu’elle a prise pour marquer son désaccord avec l’intervention russe en Ukraine.

Olga Smirnova refuse de qualifier son départ de Russie de « défection »

Dans cet entretien, Olga Smirnova raconte qu’elle a pris cette décision capitale après un voyage à Dubaï pour soigner une blessure. « Personne n’était au courant, sauf mon mari et le directeur artistique du Dutch National Ballet, Ted Brandsen », précise-t-elle. Pour ses parents, c’est le choc. Jusqu’à présent, « ils n’acceptent pas vraiment l’idée que j’aie quitté le Bolchoï« . Quant à ses collègues, elle « n’a presque plus de contact » avec eux. Et la presse? « Ils préfèrent prétendre que je n’existe pas ».

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L’ancienne 1ère ballerine du Bolchoï refuse de qualifier son départ de Russie de « défection », mot utilisé à l’époque soviétique lorsque des légendes du ballet comme Rudolf Noureev ou Mikhaïl Barychnikov sont passées à l’Ouest. « Je pense avoir été honnête avec moi-même et suivi ma conscience. (…) J’avais tellement de peine pour ces gens obligés de perdre leur foyer », confie la danseuse qui pensait que l’intervention russe en Ukraine s’arrêterait rapidement.

Olga Smirnova : « L’Histoire change et le Bolchoï reste »

Au Bolchoï, Olga Smirnova était l’un des visages de la compagnie et une « prima ballerine » encensée par la critique. « J’ai passé dix années merveilleuses avec le Bolchoï car les meilleurs chorégraphes sont venus y créer des ballets. J’ai senti vraiment que je faisais partie du monde… Tout cela a pris fin avec la guerre » explique la danseuse de 30 ans qui, malgré tout, n’est pas inquiète pour la compagnie moscovite. « L’Histoire change et le Bolchoï reste », assure-t-elle. Mais elle craint l’isolement des danseurs russes, rappelant que la carrière d’un danseur classique est courte, « 15 à 20 ans si on est en bonne condition physique ».

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Olga Smirnova a emménagé dans un appartement et dansé en avril dans une nouvelle production du ballet Raymonda d’Alexandre Glazounov. Aujourd’hui, « je me sens de plus en plus chez moi » à Amsterdam, avoue la ballerine russe qu’a rejointe depuis avril une jeune danseuse ukrainienne du Bolchoï et 2 autres de l’Opéra national d’Ukraine, accueillies par le Dutch National Ballet. Sur quelle scène rêve-t-elle de danser? « L’Opéra de Paris ! Je n’ai jamais dansé au Palais Garnier », sourit-elle.

Philippe Gault (avec AFP)

 

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