DISPARITION DE FRANS BRÜGGEN

Né à Amsterdam, le 30 octobre 1934, il est aux côtés du claveciniste Gustav Leonhardt, son maître, l’une des figures essentielles du renouveau de la musique ancienne, par ses recherches sur l’interprétation.
Formé à la flûte à bec dans sa ville natale, il poursuivit ses études en autodidacte, perfectionnant son jeu sur la flûte à bec et traversière, dans les répertoires baroque et renaissance. Ses premiers partenaires, au concert comme au disque sont Gustav Leonhardt et le violoncelliste Anner Bylsma (Teldec, Seon-Sony). Il enseigna l’instrument à La Haye, et fut invité dans les années soixante-dix à Harvard, pour donner des conférences sur la musique baroque. Délaissant son instrument, il fonde en 1981 l’excellent Orchestre du 18ème siècle, qui avait la particularité de réunir trois ou quatre fois par an des musiciens non-permanents, qui répétaient ensemble, partaient en tournée, et enregistraient dans la foulée leurs albums. On doit ainsi à cet ensemble jouant sur instruments d’époque de remarquables enregistrements d’œuvres de Rameau (Suites chez Philips et Glossa), Bach (les 2 Passions chez Philips, puis la Saint-Jean pour Glossa), Haydn Mozart (Philips et Glossa), Beethoven (intégrale de référence des Symphonies chez Philips) et Schubert (Philips). On a un peu oublié que son intérêt se portait également sur la musique du XXe siècle, cofondant le trio de flûtistes d’avant-garde Sour Cream (oui, il y a un jeu de mots…) en 1972, tout en entretenant des rapports privilégiés avec des compositeurs, comme Luciano Berio, qui lui dédia ses Gesti, en 1966. Ces dernières années, on l’a vu en France, notamment à la tête de l’Orchestre de Paris, mais également en tournée européenne, à la tête de l’Orchestra of the Age of Enlightenment. Sa direction d’orchestre est un modèle d’équilibre, tant par la cohésion de chaque pupitre que par l’homogénéité de l’ensemble : une clarté, un dynamisme et un velouté au service de la musique, à retrouver désormais au disque.