André Tubeuf : une vie pour la musique

 Olivier Bellamy et André Tubeuf sur Radio Classique

Peu de musicographes méritent le titre de musicien. André Tubeuf est de ceux-là. Musicien, ce n’est pas seulement écrire ou jouer de la musique, c’est respirer la musique avec son âme et savoir la partager. Comme on peut être poète par nature sans écrire de vers. Proust était musicien, Sartre ne l’était pas et pourtant ce dernier jouait du piano. En lisant André Tubeuf, il est loisible de ressentir cette griserie des sens, cette inflammation de l’oreille interne, ce souffle qui secoue votre imagination et qui vous pousse à vous précipiter sur tel lied de Schubert ou tel mouvement d’un quatuor de Beethoven pour ressentir ce qu’il a ressenti et apprendre à mieux écouter. Il fait partie de cette rare poignée d’élus parmi les critiques musicaux qui ne se contente pas d’apposer son sceau sur un enregistrement, mais qui met toute sa culture et toute sa science de l’écriture au pied d’une émotion profonde et accessible à tous pour peu qu’on se donne le peine d’écouter un trésor comme le « Benedictus » de la Messe en si de Bach le coeur à nu.

Dans cette émission, l’une des meilleures que j’aie eu à diriger (je le dis comme un chef d’orchestre attentif à ce que le soliste puisse exprimer sa vision de la musique et sa part de vérité pour nos chers auditeurs), on pouvait sentir ce lien naturel, familier et sensible entre les petites madeleines et le programme de l’invité, c’est-à-dire entre la musique populaire (où l’art cache l’art) et la grande musique qui nous emmène dans une dimension et une conscience supérieure de l’art.

J’espère que chacun y aura senti ce moment de grâce où le coeur et l’intelligence ne font plus qu’un comme dans une grande interprétation musicale.

Voici son programme :

par dessus tout

Bach : Benedictus de la Messe en si mais seulement si c’est par Anton Dermota

(disque Tahra, TAH 618-619, direction Scherchen)

sinon

Bach : Prélude de la Partita n°1 en si bémol par Dinu Lipatti

ensuite

Beethoven : Cavatine du 13° Quatuor (ou molto adagio du 8° Quatuor) par les Busch ou les Budapest

Schubert : Im Frühling par Hans Hotter avec Gerald Moore

(Emi Références)

Mozart : air de la Comtesse, Porgi amor (Schwarzkopf avec Karajan, la 1° version Emi)

Schubert : Impromptu en fa mineur op 149/1 (ou Andantino de la Sonate en la majeur D 959) (Rudolf Serkin, Sony)

Verdi : Trio final de Forza del destino (Tebaldi, DiStefano, Modesti, dir Votto, Andromeda  ANDRCD 5068)

Madeleines :

River of no return, chanté par Marilyn Monroe

Escales, chanté par Edith ¨Piaf (ou le Disque usé)

Danse avec moi, (de Quai des Orfèvres) par Suzy Delair