Leïla Slimani : « On a besoin de réactiver l’enseignement de l’arabe et l’orientalisme positif »

Leïla Slimani était l’invitée politique de la matinale de Guillaume Durand ce mardi 9 mars. Prix Goncourt 2016 pour son roman Chanson douce, la journaliste et romancière s’attaque à l’écriture d’une saga familiale intitulée Le Pays des autres chez Gallimard, traitant de la complexe relation entre l’occident et le monde musulman.

Leïla Slimani : « Au Maroc ou en Algérie la vision de la France est plus dure qu’elle ne l’était il y a 50 ans »

Leïla Slimani, qui se déclare d’une identité autant Marocaine que Française, s’est lancé dans l’écriture « de la saga de 50 ans d’histoire entre mes deux pays pour montrer à quel point la relation entre l’occident et le monde musulman est d’une immense complexité faite de beaucoup d’attraits, parfois de répulsions, de haines mais aussi d’influences dans tous les aspects de la vie quotidienne ». La romancière affirme avoir le sentiment « d’en être une forme d’incarnation, d’être constamment double ». La difficile quête de cette identité l’obligé à « beaucoup de complexité (…) à trouver des nuances ».

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Leïla Slimani souhaite « réactiver en France la connaissance du monde musulman, réactiver l’enseignement de l’arabe et cet orientalisme qui était positif, qui était un intérêt pour ce monde. En France il y avait les plus grands traducteurs d’arabes, le plus grand nombre d’agrégés d’arabe, de grands spécialistes qui ont disparu aujourd’hui et qui se trouvent en Allemagne ou dans le monde Anglo-Saxon ». Ces changements s’opèrent des deux côtés de la Méditerranée, et la romancière analyse aussi que « dans des pays comme le Maroc ou l’Algérie la vision de la France est plus dure qu’elle ne l’était il y a 50 ans ».

 

Leïla Slimani : « Mon féminisme est indissociable d’un héritage »

Leïla Slimani affirme que son féminisme est « indissociable d’un héritage » lui venant de sa mère et de sa grand-mère, et d’ailleurs même transmis « par certains hommes ». Elle ajoute à ses influences ses nombreuses lectures : « de grandes écrivaines, de grandes sociologues, des romancières (…) c’est très important de nourrir ses combats par de la connaissance (…) c’est ce qui nous ouvre au monde et nous amène une pensée complexe ». Leïla Slimani a parfois « envie de pousser les femmes occidentales à regarder ce qui se passe dans d’autres pays du monde (…) au Congo, au Pakistan, la condition des femmes est aussi la guerre ».

Rémi Monti

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