En France, 20% des services d’urgences limitent leur activité pour cause de manque personnel. Face à la saison estivale qui arrive, les syndicats s’inquiètent de voir ce chiffre se dégrader et alertent sur l’état de fatigue des soignants.
Une prime de 350 euros pour des soignants qui prendraient leurs vacances en septembre
La pénurie de soignants aux urgences vire à la catastrophe. les accès sont filtrés et on constate des fermetures en cascade. En France 120 services d’urgences sont contraints de limiter leur activité ou s’y préparent. Cela représente 20% de la capacité française. Entre les arrêts maladie, les démissions et les congés estivaux, les hôpitaux n’arrivent plus à trouver du personnel soignant. Les médecins préviennent alors que c’est le prélude d’un été chaotique. En effet, en été la médecine de ville tourne au ralenti et les vacances augmentent le nombre de passages aux urgences. On constate près d’un quart de patients en plus dans certaines régions touristiques du sud. Pourtant, les hôpitaux n’ont pas de solution miracle.
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Avec plus de 15% de son personnel en arrêt maladie, l’hôpital de Saint-Brieuc est dos au mur. Cet été, une prime de 350 euros est proposée aux soignants qui décaleraient leurs vacances en septembre. Seule une dizaine ont accepté. Maxence Forestier, secrétaire locale de la CFDT santé, souligne qu’après des mois de garde de 12 heures, le repos vaut plus que l’argent : « le personnel réclame du temps de repos et des vacances pour les passer en famille. Ils ne veulent plus être en sous-effectif, ni être happés par ce rouleau compresseur ». Si aucun soignant ne reste, l’hôpital de Saint-Brieuc devra fermer 200 lits.
« On ne sait pas comment on va gérer l’afflux des touristes »
Ce constat est le même dans toute la France. L’anesthésiste-réanimateur, Arnaud Chiche, président du Collectif Santé en danger, est dépité car les directions ne proposent qu’une politique de prime et de rustine pour ne pas sombrer : « la politique de rustine a vécu. Il n’y a plus assez de lit fonctionnel. On risque donc de voir des patients stagner aux urgences et décupler la lourdeur de travail. De plus cela va altérer la sécurité de prise en charge et accélérer les phénomènes d’épuisement et de surmenage. On ne sait donc pas comment on va gérer l’afflux des touristes ». Les hôpitaux misent encore sur les sorties d’école d’infirmiers fin juin pour combler les trous dans les urgences. Cela ne suffira pourtant pas. D’autant que l’an dernier, seulement 60% des élèves avaient rejoint le public.
Rémi Pfister
Ecoutez le reportage de Rémi Pfister :