Le supplément culture de l’Obs pose cette question : Peut-on encore aimer Gainsbourg après Metoo ? La réponse est oui mais on n’échappera pas à un examen antiraciste et antisexiste des chansons de Gainsbourg.
Melody Nelson a 14 printemps et 15 étés
Il est vrai qu’à la réécoute de Marilou, on se pose des questions : « Pour éteindre le feu au cul de Marilou, un soir n’en pouvant plus de jalousie, j’ai couru au couloir de l’hôtel décrocher de son clou, l’extincteur d’incendie, brandissant le cylindre d’acier je frappe paf et Marie se met à geindre, de son crâne fendu s’échappe un sang vermeil ». Voilà un féminicide. Et l’Obs poursuit son exploration, notant que dans certaines chansons Gainsbourg fantasme sur des mineures : Melody Nelson n’a-t-elle pas 14 printemps et 15 étés jusqu’à la chanson Lemon Incest. Mais ce n’est pas tout. Il y aurait une forme de racisme chez Gainsbourg quand il appelle ses Musiciens jamaïcains ses Monkeys autrement dit ses singes.
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Alors question votre Honneur, peut-on encore aimer Gainsbourg, s’interroge l’Obs qui donne l’impression de se pincer le nez pendant 3 pages. Eh bien oui on peut. On a l’autorisation, conclut le magazine qui évite le ridicule qui consisterait à juger les œuvres du passé avec les codes du présent. On peut aimer Gainsbourg car il a un statut à part, qu’il est génial, qu’on a envie, écrit l’Obs d’en transmettre le gout à la prochaine génération. Mais tout de même qu’est-ce qui met le plus mal à l’aise, les chansons de Gainsbourg ou bien l’exploration du répertoire d’un artiste avec un code pénal dans la main ? Le provocation de Gainsbourg il y a 30 ans où la méthode qui consiste à faire d’une chanson l’élément à charge d’un casier judiciaire posthume… Si c’est ca Gainsbourg n’a pas fini d’en baver.
David Abiker