Covid-19 : « Le confinement est une agression neurologique » affirme Boris Cyrulnik

Boris Cyrulnik était l’invité politique de la matinale de Renaud Blanc ce vendredi 5 mars. Le neurologue a évoqué les inégalités psychologiques des générations et des individus dans la capacité de faire face à la crise du Covid-19 ainsi que les changements sociétaux que la pandémie pourrait induire.

Covid-19 : Renaissance euphorique ou dictature ? Les scénarios pour le monde d’après selon Boris Cyrulnik

Boris Cyrulnik défend la thèse que des changements sociétaux profonds interviendront après la pandémie « on sera obligés de changer, certains proposent de se remettre en place comme avant, ce qui ouvrirait la porte à d’autres virus ». Le neurologue décrit la situation non pas comme une crise, mais comme une catastrophe, dont l’étymologie signifie une coupure, un virage. Parmi les trois scénarios qu’il envisage, le premier étant un monde d’après similaire au monde d’avant, deux induisent un renouveau.

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Le premier de ces scénarios est l’arrivée au pouvoir d’une figure autoritaire. Dans les périodes de désorganisation sociale et de ruine culturelle, les citoyens peuvent, d’après le neurologue choisir de se reposer sur la figure d’un sauveur : « un très grand nombre de dictateurs ont été élus démocratiquement car ils se présentaient en sauveurs ». Le second scénario est celui de la renaissance, Boris Cyrulnik affirme qu’après les épidémies « on a très souvent été contraints à la renaissance, c’est à dire inventer une autre manière de produire et de vivre-ensemble. Certaines renaissances se sont passées dans l’euphorie des artistes, de la création, des économistes qui trouvaient de nouveaux circuits. D’autres renaissances se sont passées dans la douleur ».

 

Confinement : « La privation d’altérité équivaut à un arrêt des stimulations cérébrales » selon Boris Cyrulnik

Boris Cyrulnik identifie une inégalité des individus devant la capacité à gérer l’isolement, le doute et le stress que peuvent créer la crise sanitaire. Selon lui, « une partie d’entre nous aime le doute, une autre partie déteste ça », ceux que l’incertitude n’incommode pas identifient ces indécisions comme « une invitation à voyager, rencontrer, la doute est un degré de liberté ». Les générations ne sont pas égales face aux répercussions du Covid-19, si la très jeune génération « rattrapera son retard facilement » et les personnes âgées « ont été protégées par la société », les adolescents, eux, « ont perdu une année décisive au cœur d’une période sensible de leur développement social ».

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Boris Cyrulnik affirme que « le confinement est une agression neurologique ». En effet, selon le neurologue « la privation d’altérité équivaut à un arrêt des stimulations cérébrales », et si le premier confinement apportait son lot de nouveauté, les individus sont depuis « usés » par le processus d’isolement : « quand un cerveau n’est pas stimulé par sa relation avec un autre, on remarque son atrophie », déclare-t-il.

Rémi Monti

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