Pour l’Opinion, le rapport de la Commission Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise est une déflagration. Pour Libération c’est impardonnable. Le Figaro pointe le choc de la vérité. C’est la honte et la douleur pour la Croix. Le Dauphiné Libéré reprend les mots du pape à sa une, Effroyable.
La désignation publique de la pédophilie comme un crime est un progrès civilisateur
Une fois qu’on a lu ça, comment réparer ? Le Parisien se pose la question, et Monseigneur Leborgne vice-président de la conférence des évêques de France a la réponse : il faut que l’institution paye, et il rappelle une chose : c’est l’Eglise qui a réclamé la commission et qui l’a financée. Mais l’évêque pose cette question : la pédophilie est un phénomène social, « elle est partout mais dans l’Eglise on avait l’évangile, on aurait dû être en avance ». Justement, Chantal Delsol, philosophe catholique, amie de l’Eglise, repose cette question dans le Figaro « pourquoi l’élise a-t-elle mis si longtemps, comme toutes les autre institutions, à punir la pédophilie ? »
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Parce que l’Eglise est une institution, et comme toute institution elle a privilégié le secret qu’elle a balayé sous le tapis au nom de l’intérêt de l’ordre et du groupe primant sur les individus. Et Chantal Delsol explique ceci : la désignation publique de la pédophilie comme un crime est un progrès civilisateur qui entérine le passage à l’individualisme jusque dans les recoins restés communautaires et donc secrets : l’Eglise et la famille.
Le juge Edouard Durand affirme que l’école, le sport, les autres religions doivent s’engager dans le même processus que l’Eglise catholique
Et ça n’est pas fini, d’autres institutions vont devoir faire le même travail que l’Eglise. Etienne de Montety dans son édito du Figaro l’affirme : l’Eglise apparaît dans le rapport Sauvé dépouillée et la faiblesse de certains de ses membres jusqu’à l’indignité est montrée au grand jour. Mais l’Eglise fait aussi preuve de courage et montre le chemin à toute la société : à l’éducation nationale, au monde du sport, eux aussi touchés par le mal. Page suivante, le juge Edouard Durand, président de la Commission indépendante sur l’inceste et les violence sexuelles faites aux enfants ajoute l’école, le sport, les autres religions doivent s’engager dans le même processus que l’Eglise catholique.
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Et l’on retrouve le mot-clé : toute institution a le même travail à faire. Et le Figaro rappelle ces chiffes révélé par l’enquête de l’Inserm menée entre la fin 2020 et janvier 2021 : une personne sur 10 aurait été abusée dans son enfance. La démographe et sociologue Nathalie Bajos pointe le point commun à la famille, la classe ou l’Eglise : l’autorité du père, du grand frère, du professeur, du directeur de colonie de vacances, mais cette asymétrie est renforcée dans le cadre de l’Eglise par le caractère sacral de l’autorité du prêtre.
David Abiker
