Retraites : Macron/Le Pen, l’esprit de sérieux face à la facilité du populisme ?

Mutualité Française / Global Panorama / Flickr

65 ans pour Emmanuel Macron et 60 ans pour Marine Le Pen, l’âge de départ à la retraite est l’un des points primordiaux de la campagne d’entre-deux-tours.

La retraite à 65 ans permettrait de dégager 8 milliards d’euros par an

La question de l’âge de départ à la retraite est au cœur de la campagne de second tour. Marine Le Pen veut que les Français arrêtent de travailler dès 60 ans, tandis qu’Emmanuel Macron veut au contraire repousser l’âge de départ. Deux projets diamétralement opposés et qui illustrent les différences des 2 candidats en matière économique. En effet, cela ressemble à un combat entre l’esprit de sérieux et la facilité du populisme. Comme souvent, côté Marine Le Pen, le discours est simpliste et, en apparence, séduisant.

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L’idée est de passer par pertes et profits les réformes passées pour revenir à la retraite dès 60 ans, à condition que le salarié ait cotisé pendant 40 ans. Cela va naturellement plaire à un électorat populaire, qui a commencé à travailler jeune. Le problème est que ce projet coûterait environ 10 milliards d’euros par an, si l’on en croit la candidate. Pourtant l’institut Montaigne a chiffré cette réforme à plus de 26 milliards d’euros. Cela pourrait donc se solder à termes par une érosion des pensions et pénaliserait les milieux populaires. A l’inverse, le report à 65 ans prôné par Emmanuel Macron suscite à priori le rejet. Pourtant, il permettrait de dégager 8 milliards d’euros par an, afin de financer d’autres dépenses comme la santé, la dépendance ou la revalorisation des petites retraites.

Emmanuel Macron veut instaurer un vrai dialogue avec les partenaires sociaux

Alors en ne faisant plus des 65 ans un totem et en se disant prêt à se contenter d’un report à 64 ans, le candidat-Macron n’a-t-il pas fait une erreur ? Si Marine Le Pen voudrait le faire croire, cela est faux pour deux raisons. D’abord, parce que cela ne change rien à l’équation financière du prochain quinquennat. Le projet de réforme prévoit une remontée progressive de l’âge de départ à la retraite. Le seuil des 64 ans ne devrait donc pas être atteint avant 2028. Ensuite, ce geste crédibilise le discours d’ouverture prononcé le 10 avril par le président-candidat. Si les partenaires sociaux peuvent espérer un vrai dialogue sur un sujet aussi explosif que les retraites, c’est que la volonté de concertation affichée n’est pas un leurre. La méthode pour réformer semble avoir vraiment changé.

François Vidal

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