Le programme présenté par Emmanuel Macron le 17 mars, prévoit 50 milliards de dépenses supplémentaires sur 5 ans tout en garantissant un retour du déficit public sous les 3% d’ici à 2027. Ce défi de taille soulève pourtant quelques doutes.
À cause de la guerre en Ukraine le déficit budgétaire sera bien supérieur aux prévisions
Les objectifs d’Emmanuel Macron sont ambitieux, il n’est pas certain qu’une volonté de fer suffise. Pourtant plusieurs éléments crédibilisent les engagements de l’actuel président. Premièrement, il faut souligner que ces dépenses ne seraient pas instantanées et s’étaleraient sur la durée du quinquennat. Emmanuel Macron a aussi prévu de réduire les dépenses publiques pour un montant équivalent aux 50 milliards d’engagements supplémentaires. Ainsi, théoriquement du moins, son programme de réformes serait autofinancé. Pourtant s’il est réélu, Emmanuel Macron va se retrouver face à un double problème. Le premier, indépendamment de sa volonté, est la dégradation des comptes de l’État provoquée par les conséquences de la guerre en Ukraine sur le pouvoir d’achat des Français. La facture atteint déjà une trentaine de milliards d’euros et cette crise est loin d’être terminée. Dans ces conditions, il est fort probable que le déficit en fin d’année sera bien supérieur aux 5% prévus par le Budget 2022. Ainsi l’équation budgétaire du programme du candidat Emmanuel Macron est remise en cause.
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Rien n’assure la baisse des dépenses publiques
Le deuxième problème se situe dans la capacité de son programme à réduire efficacement la dépense publique. Même si l’on est presque assuré qu’Emmanuel Macron en cas de réélection repoussera l’âge de départ à la retraite tant il en a fait un marqueur de sa campagne, – ce qui devrait réduire les dépenses d’une quinzaine de milliards d’euros -, le reste de sa stratégie semble beaucoup plus fragile. En effet, Emmanuel Macron n’est pas le premier à promettre de réduire l’évasion fiscale et les coûts de fonctionnement de l’État et des collectivités locales mais rien ne garantit qu’il y parviendra. Auquel cas, ce seront à nouveau les comptes publics qui en subiront les conséquences. Il est donc évident que depuis l’intervention du chef de l’État, incitant au « quoi qu’il en coûte », le sujet est politiquement inaudible, mais on aurait tort de le négliger.
François Vidal